Séance 5. Les institutions : des familles de substitution ?
Mathieu Marly (LabEx EHNE) : « L’impossible famille militaire : le paternalisme et ses limites dans l’armée française de la fin du XIXe siècle »
Marie Derrien (IRHiS, Lille 3) et Mathilde Rossigneux-Méheust (LARHRA, Lyon 2) : « Les nourriciers dans les colonies familiales : une nouvelle famille ? »
Séminaire de recherche du GRID : « Entre les murs, hors les murs. Revisiter l’histoire des institutions disciplinaires »
Le séminaire « Entre les murs, hors les murs », initié en 2017-2018, s’inscrit dans le cadre des activités du Groupe de recherche sur les institutions disciplinaires (GRID). Celui-ci s’attache à décloisonner l’étude des institutions disciplinaires, en poursuivant une double perspective. Il adopte d’une part une approche comparative qui interroge la pertinence de penser ensemble des institutions distinctes et de faire dialoguer entre eux des chercheurs qui n’appartiennent a priori pas aux mêmes champs. Il prend d’autre part le parti de travailler à la frontière de ces institutions, c’est-à-dire d’interroger l’ensemble des flux qui traversent leurs murs et de penser tout ce qui se joue à l’interface entre l’intérieur et l’extérieur. Après une première année consacrée à l’analyse des mobilités humaines intra et inter-institutionnelles, le séminaire 2018-2019 s’attachera à mettre au jour et à interroger le rôle des liens familiaux dans l’expérience des institués et dans le fonctionnement des institutions en Europe à l’époque contemporaine.
Pourquoi donner une telle place aux liens familiaux pour écrire une histoire renouvelée des institutions disciplinaires ? Ce choix part d’abord d’un constat archivistique : travailler sur les liens familiaux relève presque de l’évidence tant les sources institutionnelles regorgent de correspondances familiales. A ce titre, l’importance de cette présence familiale peut être envisagée autant comme un élément de rapprochement que comme un vecteur de différenciation entre les institutions. Le choix de cette thématique répond ensuite à une insatisfaction épistémologique, face à un récit historique réducteur sur la « solidarité familiale », censée décliner avec l’institutionnalisation des populations. Dans le prolongement des travaux récents de sociologues ou d’anthropologues, qui nuancent cette opposition entre famille et institution, le séminaire invite plutôt à identifier les logiques de complémentarité et d’interpénétration entre les sphères familiale et institutionnelle. Il soulève ce-faisant une quadruple série de questionnements.
1. Travailler sur les liens familiaux implique en premier lieu de se demander ce qu’est une famille pour l’institution. Quelles sont les formes de parenté privilégiées par les acteurs institutionnels, et quelles personnes sont écartées de ces définitions de la famille ? Dans une perspective similaire, il s’agit de s’interroger sur les types de liens prescrits, entretenus ou encouragés par les institutions, et sur ceux qu’elles considèrent comme portant préjudice aux individus qu’elles encadrent. Dans quelles conditions les liens familiaux maintenus par les personnes instituées sont-ils perçus comme des obstacles ou comme des ressources dans la prise en charge institutionnelle ?
2. En faisant le choix d’une approche relationnelle, le séminaire invite par ailleurs à s’intéresser à la nature des liens qui unissent les institués et leurs familles, sans présumer de la teneur des interactions que nous allons trouver dans les sources. Que deviennent les liens familiaux à l’épreuve de l’institutionnalisation d’un tiers ? A quel prix sont-ils maintenus ? La question de la distance entre les institués et leurs proches, qu’elle soit physique ou émotionnelle, choisie ou subie, sera ainsi au cœur de nos préoccupations, de même que les efforts pour la réduire ou l’accroître. Les populations en institution sont-elles encouragées à entretenir les liens familiaux ? Quelles sont les stratégies mises en œuvre pour contourner les règlements encadrant les relations épistolaires et de face-à-face ? Qui sont les membres de la famille pourvoyeurs de careet garants du maintien du lien ? A l’inverse, les proches peuvent-ils utiliser l’institution comme un moyen de réguler les conflits internes à la famille, voire de rompre des liens devenus indésirables ?
3. Intégrer la famille dans le jeu institutionnel requiert également d’être attentif à l’influence des liens familiaux sur les trajectoires des institués et d’analyser réciproquement les effets de l’enfermement sur l’organisation familiale. Quelles sont les conséquences sur la structure familiale du placement d’un des membres de la famille ? La question du vide économique ou affectif laissé dans sa famille d’origine par un individu placé en institution est tout aussi centrale, puisqu’elle participe à la compréhension des logiques d’enfermement. Comment les familles interfèrent-elles dans la prise en charge institutionnelle de leurs proches ? L’expérience de l’institution, quelle qu’elle soit, est une expérience familiale. Comment faire face à l’absence d’un proche enfermé, ou au contraire à la solitude de l’institutionnalisation ?
4. La quatrième et dernière série de questions part du constat que certaines institutions vont jusqu’à calquer leur fonctionnement sur un modèle familial idéalisé. Il sera dès lors particulièrement intéressant de mesurer la pénétration du schéma familial dans l’organisation de ces communautés humaines disparates. Quel est le rôle de la famille dans la structuration des institutions disciplinaires contemporaines et quelle histoire des relations familiales les archives de ces institutions nous permettent-elles d’écrire ? En faisant dialoguer des spécialistes d’institutions aussi diverses que l’école, la prison, la caserne, l’hôpital psychiatrique, le couvent, le camp de travail ou les colonies familiales, ce séminaire aimerait en définitive contribuer à écrire une histoire de la famille en acte(s)et participer aux renouvellements de ce champ de recherche.
Prochaine séance
19 juin 2019 : Séance 6. Fonder une famille en institution
Michel Lallement (CNAM) : « Le Familistère de Guise : famille ou institution totale ? »
Camille Fauroux (CRH, EHESS) : « Dans les interstices du camp et les détours de la ville : les relations familiales des ouvrières françaises à Berlin entre 1940 et 1945 »
Colloque organisé par le laboratoire LARHRA – Université de Lyon et le laboratoire CREHS – Université d’Artois, avec le soutien de l’axe Genre & Europe du Labex EHNE.
Programme
Mardi 4 juin
Lieu : MSH-LSE, 14 av. Berthelot Lyon 7
13h-13h30 : Accueil
13h30-14h : Introduction générale, Gérard BODÉ, Stéphane LEMBRÉ, Marianne THIVEND
Axe 1 : La construction des politiques publiques de formation professionnelle : les institutions et leurs acteurs
14h-16h30
1. Lois et règlements : autour de la loi Astier
Présidence : Marc SUTEAU (Université de Nantes, CENS)
Sébastien-Akira ALIX (Université Paris Est, CERLIS)
Le Smith-Hughes National Vocational Education Act de 1917 et la promotion de la formation professionnelle aux États-Unis
Cédric PERRIN (IDHE.S Évry)
La naissance de l’apprentissage artisanal (1919-1941). Genèse et mise en œuvre de la loi Walter-Paulin María
Luisa RICO GÓMEZ (Université d´Alicante)
L’influence de la loi Astier sur le projet de la dictature de Primo de Rivera en Espagne, 1923-1930
Lorenzo BONOLI (Institut fédéral des hautes études en formation professionnelle – IFFP)
Le rôle discret des syndicats dans le développement du système de formation professionnelle suisse entre 1880 et 1930
Pause
17h00-18h
2. Des politiques en images
Présidence : Nicolas HATZFELD (Université d’Évry-Val-d’Essonne – IDHE.S)
Projection et discussion autour de films d’enseignement professionnel
Françoise F. LAOT (Université Reims Champagne-Ardennes, CEREP)
Images télévisées de femmes adultes en formation professionnelle au tournant des années 1970.
Édouard LYNCH (Université de Lyon, LER)
La terre, la table et l’établi : Mise en œuvre et mise en scène de l’enseignement professionnel dans les campagnes de la révolution silencieuse
Mercredi 5 juin
Lieu : SEPR, Campus Professionnel 46 Rue Professeur Rochaix, Lyon 3
8h30-10h30
3. Patronat, entreprises
Présidence : Catherine OMNÈS (Université Versailles-Saint-Quentin)
Antoine VERNET (Sorbonne Université, Triangle)
Le patronat métallurgique stéphanois et la formation ouvrière des années 1910 aux années 1940 : le choix de la mise en école ?
Jean-François GREVET (COMUE ESPE LNF, CREHS)
Berliet, de Taylor à Fidel Castro. De la formation professionnelle des jeunes dans l’entreprise automobile à un modèle exporté dans le Tiers Monde
Farid AMEUR (Archives historiques Société Générale)
Au service de la culture d’entreprise : l’école des grooms de la Société Générale (1934-années 1960)
Pause
11h00-13h
4 : La fabrique de professionnel·les : savoirs de la formation et pratiques d’apprentissage
Présidence : Renaud D’ENFERT (Université Picardie-Jules-Verne, CURAPP-ESS)
Jérôme MARTIN (CRTD – Centre de Recherche sur le Travail et le Développement – et GRESHTO – Groupe de recherche et d’étude sur l’histoire du travail et de l’orientation)
Les apprenti·es scolarisé·es au prisme de la psychologie dans les années 1950
Pierre-Yves BERNARD (Université de Nantes, CREN) et Pauline DAVID (Université de Nantes, CREN)
Résistance à la scolarisation de la formation professionnelle : les Écoles de production
Charles-Antoine WANECQ (Centre d’Histoire de Sciences Po)
Des cours pour ambulancières à la formation des ambulanciers : la construction genrée de savoirs professionnels du care.
13h -14h : Pause déjeuner
Axe 2 : Certifications, qualifications et mobilités professionnelles
Présidence : Aziz JELLAB (Inspecteur général de l’Éducation nationale)
14h-17h
Véra LEON (Université Paris Descartes, CERLIS)
Diplômés versus autodidactes ? Enjeux de la scolarisation des apprentissages techniques à l’ère de la massification scolaire
Nicolas DIVERT (Université Paris Est Créteil, LIRTES)
La création du Bac pro « Accompagnement, soins et services à la personne ». Les ressorts d’un nouveau diplôme du sanitaire et social.
Maryse LOPEZ (Université de Cergy-Pontoise, ESPE de l’académie de Versailles)
Former le travailleur de demain au milieu des années 1970 : l’exemple de la formation-certification par contrôle continu.
Pause
Florent MONTAGNON (Centre d’histoire sociale des mondes contemporains)
L’école d’apprentissage de la Compagnie des Omnibus et Tramways de Lyon, entre gestion du personnel et dynamiques du marché du travail interne (1946-1982)
Anna PELLEGRINO (Université de Bologne)
Entre atelier et fabrique. La formation professionnelle des travailleurs italiens au début du XXe siècle
17h30-18h30 : Table ronde animée par Emmanuel QUENSON (Université Évry-Val-d’Essonne, Centre Pierre Naville) autour d’acteurs et actrices de la formation professionnelle
Jeudi 6 juin
Lieu : MSH-LSE, 14 av. Berthelot Lyon 7
Axe 3 « Celles et ceux du technique » : pour une histoire sociale de l’enseignement technique et professionnel
8h30-12h30 :
Session 1
Présidence : Marianne THIVEND (Université Lumière Lyon 2 – LARHRA)
Jean-Louis ESCUDIER (Université de Montpellier, CNRS)
La formation professionnelle des agricultrices, entre oubli et instrumentalisation (XIXe -XXe siècles)
Arnaud PASSALACQUA (Université Paris Diderot, ICT/LIED)
Ajusteurs et mécaniciens, tous les garçons s’appellent Michel : sur les traces des apprentis de la RATP
Teresa PINTO (CEMRI – Universidade Aberta)
L’enseignement industriel ? Plus maintenant ! Quand elles ont cessé de pouvoir fréquenter les écoles industrielles au Portugal (1897-1918)
Pause
Session 2
Présidence : Clotilde LEMARCHANT (Université de Lille, CLERSE)
Laure MACHU (Université de Paris Nanterre, IDHE.S)
Les enquêtes de la JOC, une source pour l’histoire de la formation et des conditions de travail des jeunes ouvriers
Fanny GALLOT (Université Paris Est, CRHEC)
La formation professionnelle des « femmes immigrées » dans les années 1970 : un enjeu syndical ?
André D. ROBERT et Yves VERNEUIL (Université Lumière Lyon 2, ECP)
Le syndicalisme des enseignants du technique du début du XXe siècle au milieu des années 1960 : un exemple d’ouvriérisme ?
12h30 – 13h. Conclusions du colloque
Damiano MATASCI (Université de Lausanne) et Gilles MOREAU (Université de Poitiers, GRESCO)
Ouverte dans un Paris portant encore les stigmates des bombardements de la guerre, la conférence de la paix de 1919-1920 frappe les esprits par son caractère cosmopolite et son ambition sans précédent. Là où le congrès de Vienne s’était donné pour tâche, en 1814-1815, la réorganisation de l’ordre européen, la conférence de Paris a bien en vue la redéfinition de l’ordre mondial.
Objet, dès son ouverture, de l’expression de doutes, voire de sarcasmes, la conférence n’en porte pas moins les grandes espérances du retour à la paix. Ses principes fondateurs – respect du droit, égalité souveraine des États, autodétermination, diplomatie publique –, les oppositions et les projets alternatifs qu’ils suscitent, ses décisions tranchantes ou ouvertes et leurs conséquences dramatiques, positives ou porteuses des nouveaux enjeux du siècle, seront au cœur des débats de ce colloque.
Comité de pilotage / Steering commitee
Laurence Badel (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Eckart Conze (Universität Marburg), Axel Dröber (Institut historique allemand), Jean-Michel Guieu (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Norman Ingram (Concordia University), Peter Jackson (University of Glasgow), Stefan Martens (Institut historique allemand), Matthias Schulz (université de Genève), William Mulligan (University College Dublin)
Lieux / Places :
Institut historique allemand / German Historical Institute
Hôtel Duret-de-Chevry
8 rue du Parc-Royal 75003 Paris
Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères / French Ministry for Europe and Foreign Affairs
Hôtel du ministre
37 quai d’Orsay 75007 Paris
Château de Versailles
Pavillon Dufour / Auditorium
Place d’Armes
78000 Versailles
Programme
Mercredi 5 Juin / Wednesday, 5 June 2019
Lieu / Place : Institut historique allemand / German Historical Institute
17h30 Accueil / Arrival
17h45 Allocution de bienvenue / Welcome
Thomas Maissen (Institut historique allemand)
18h Introduction
Laurence Badel (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Peter Jackson (University of Glasgow)
18h45 Conférence inaugurale / Keynote Lecture
Eckart Conze (Universität Marburg)
The Paris Moment. Experiences of War and Challenges of Peace, 1919-1920
Jeudi 6 Juin / Thursday, 6 June 2019
Lieu / Place : Institut historique allemand / German Historical Institute
9h-10h30 PANEL 1
Un nouvel ordre international fondé sur le droit / The New Rules-Based International Order
Présidence / Chair : Norman Ingram (Concordia University)
Michael Clinton (Gwynedd Mercy University)
Transnational Advocacy, International Order, and National Interest : The European Center of the Carnegie Endowment for International Peace and the League of Nations, 1914-1921
Vincent Laniol (UMR SIRICE)
L’ordre versaillais, une paix du droit et de la justice ?
Miloš Vec (Universität Wien)
Making Progress under Acid Slag. German International Lawyers on the Post-World War I Order
Débat / Discussion
10h30-11h Pause-café / Coffee break
11h-12h30 PANEL 2
Un nouvel ordre économique et social / A New Economic and Social Order
Présidence / Chair : Éric Bussière (Sorbonne Université)
Jérôme Sgard (Sciences Po Paris)
La Chambre de commerce internationale et l’arbitrage privé international : genèse d’un nouvel ordre commercial
Reiner Tosstorff (Universität Mainz)
Rewarding Labour for Participating in the War ? The Founding of the International Labour Organization (ILO) in 1919 within the Context of the Paris Peace Conference and its Legacy
Martin Bemmann (Universität Freiburg im Breisgau)
When the World Economy Came into Being. The Supreme Economic Council and the Establishment of « World Economic Statistics »
Débat / Discussion
12h30-13h30 Pause-déjeuner / Lunch
13h30-14h30 PANEL 3
Télécommunications et patrimoine : nouvelles régulations / Telecommunication and Heritage : New Regulations
Présidence / Chair : William Mulligan (University College Dublin)
Pascal Griset (Sorbonne Université)
Le traité de Versailles et les télécommunications intercontinentales : entre sortie de guerre et nouvel ordre technico-stratégique, 1917-1919
Erik Goldstein (Boston University)
The Origins of World Heritage and the 1919 Paris Peace Conference
Débat / Discussion
14h30-16h PANEL 4
Déceptions et contestations / Disappointments and Disputes
Présidence / Chair : Stefan Martens (Institut historique allemand)
John A. Vasquez (University of Illinois)
Versailles and the Aftershocks of the First World War : Challenges to an Emerging Order
Volker Prott (Aston University)
The Fallacy of Order : Democratising International Politics at the Paris Peace Conference
Norman Ingram (Concordia University)
Victor versus Vanquished : Article 231 and the Legacy of 1919
Débat / Discussion
16h-16h30 Pause-café / Coffee break
16h30-18h30 PANEL 5
Ordres alternatifs / Alternative Orders
Présidence / Chair : Naoko Shimazu (Yale-NUS College)
Manfred Berg (Universität Heidelberg)
Woodrow Wilson and His Domestic Critics : The United States and World Order after the Great War
Urs Matthias Zachmann (Freie Universität Berlin)
The Subversive Internationalist – Visions of Interwar Order and Japanese International Lawyers’ Responses to the Paris Peace Conference
Patrick Houlihan (University of Oxford)
The Other Admiral Yamamoto : Catholic Globalism at the Paris Peace Conference of 1919
Andrew Webster (Murdoch University)
Order by Accident : An International Disarmament Regime as Unintended Consequence of the Paris Peace Conference
Débat / Discussion
Vendredi 7 Juin / Friday, 7 June 2019
Lieu / Place : Institut historique allemand / German Historical Institute
9h-10h30 PANEL 6
Citoyens et citoyennes dans le nouvel ordre international / Citizens in the New International Order
Présidence / Chair : Jean-Michel Guieu (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Thomas Davies (City University of London)
The Role of Transnational Associations in the Proposed New World Order Following the First World War : A Comparative Assessment
Carl Bouchard (université de Montréal)
À quoi reconnaît-on une mauvaise paix ? Observer, commenter, critiquer le nouvel ordre mondial, 1919-1920
Mona Siegel (California State University)
A Modern Mulan at the Peace Conference : The Nationalist and Feminist Agenda of Soumay Tcheng
Débat / Discussion
10h30-11h Pause-café / Coffee break
11h-12h30 PANEL 7
Logiques nationales, visions régionales / National Logic, Regional Visions
Présidence / Chair : Laurence Badel (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Hugues Tertrais (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Un nouvel ordre asiatique à Versailles ?
Julien Gueslin (La Contemporaine)
Entre utopies décentralisatrices et réalités géopolitiques : la commission des affaires baltiques et l’avenir de la Baltique orientale, printemps-été 1919
Thomas Fischer (Universität Eichstätt-Ingolstadt)
Negotiating the Covenant of the League of Nations : The Place of Latin America in the World
Débat / Discussion
12h30-14h Pause-déjeuner / Lunch
14h-16h PANEL 8
Le nouvel ordre mondial entre inclusion et exclusion / The New Global Order between Inclusion and Exclusion
Présidence / Chair : Felix Brahm (German Historical Institute London)
Oliver Bast (université Sorbonne Nouvelle – Paris 3)
Globalizing the National or Nationalizing the Global ? Iranian Readings of « Order » and the Paris Peace Conference
Mustafa Aksakal (Georgetown University)
The International Order in 1919 : Views from Turkey
Emmanuelle Sibeud (université Paris 8)
À la porte de la Société des Nations. Nouvel ordre mondial et réaction coloniale en Afrique
Débat / Discussion
Lieu / Place : Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères / French Ministry for Europe and Foreign Affairs
18H-20H CONFÉRENCE / LECTURE
Georges-Henri Soutou (de l’Académie des sciences morales et politiques)
La France a-t-elle perdu la paix ?
Samedi 8 Juin / Saturday, 8 June 2019
Lieu / Place : Château de Versailles – pavillon Dufour / Château de Versailles – pavillon Dufour
11h Accueil / Welcome
11h30-13h TABLE RONDE / ROUNDTABLE
Versailles 1919, une paix bâclée ? / Versailles 1919, a Sloppy Peace ?
Modération / Moderator : Matthias Schulz (université de Genève)
Peter Jackson (University of Glasgow)
Vincent Laniol (UMR SIRICE) –
Jean-Michel Guieu (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
14h45-16h15 TABLE RONDE / ROUNDTABLE
Versailles après Versailles (1919-2019) / Versailles after Versailles (1919-2019)
Modération / Moderator : Marie-Pierre Rey (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Antoine Marès (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Jörn Leonhard (Universität Freiburg im Breisgau)
Séverine Blenner (Archives diplomatiques)
Programme à télécharger : Programme IHA-LAB-VER
Organisation :
Sabikou MOUMOUNI
Lorraine STRAVENS
Loukey Kouamé YOCOLY
Programme
08H30 – 09H00 : Accueil
09h00 – 09H15 : Introduction par Michel CATALA, Professeur d’histoire contemporaine, Université de Nantes
Atelier n°1 – L’Europe et l’Afrique : des coopérations économiques aux multiples enjeux politiques
Président : Mamoudou GAZIBO, Université de Montréal (Canada)
09H30 – 10H00 : Un néocolonialisme pour tout ? Possibilités et limites de l’activité française en Afrique de l’Ouest et Afrique centrale, 1958 – 1974
par Alexander KEESE, Professeur d’histoire, Université de Genève (Suisse).
10H00 – 10H30 : Globalisation et aide au développement. Quel rôle pour la coopération au développement de la CEE dans les années 1980 ?
par Guia MIGANI, Maître de conférence, Université de Tours (France).
10H30 – 10H45 : Discussion avec le public
10H45 – 11H00 : Pause
11H00 – 11H30 : L’Europe et l’Afrique : du conflit économique à la confrontation politique : cas des rapports conflictuels franco-ivoiriens de 2000 à 2004
par Guessan KOUADIO, Maître de conférence en histoire contemporaine, Université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan, Côte d’Ivoire.
11H30 – 12H00 : Les mesures restrictives et positives comme instruments de pression politique : le cas des rapports CEE-Afrique du Sud (1986 – 1994)
Loukey Kouamé YOCOLY, Doctorant en histoire contemporaine, Université de Nantes.
12H00-12H15 : Discussion
12H15 – 14H00 : Pause déjeuner
Atelier n°2 – Le partenariat UE-Afrique à l’épreuve de la mondialisation économique
Président : Alexander KEESE, Université de Genève (Suisse)
14H00 – 14H30 : L’Économie politique du Franc CFA
par Kako NUBUKPO, Professeur titulaire de Sciences Économiques (Université de Lomé, Togo), ancien Ministre togolais chargé de la prospective et de l’évaluation des politiques publiques, ancien Directeur de la Franco-phonie Économique et Numérique au sein de l’OIF (Paris).
14H30 – 15H00 : Coopérer en situation d’asymétrie : la Chine et l’Afrique
par Mamoudou GAZIBO, Professeur titulaire au département de science politique (CERIUM), Université de Montréal (CANADA).
15H00 – 15H15 : Discussion avec le public
15H15 – 15H30 : Pause
15H30 – 16H00 : China-bashing : un stratagème européen pour contrer la Chine en Afrique ?
par Sabikou MOUMOUNI, Doctorant en histoire des relations internationales contemporaines et science politique (Alliance Europa), Université de Nantes.
16H00 – 16H30 : Les collectivités territoriales au service de la reconquête économique européenne : entre solidarité et compétitivité
par Lorraine STRAVENS, Doctorante en histoire des relations internationales contemporaines et science politique, Université de Nantes.
16H30 – 16H45 : Discussion avec le public
16H45 – 17H00 : Synthèse de la journée, par Céline PAUTHIER, Maître de Conférence à l’Université de Nantes.
17H30 : Clôture de la journée
Programme à télécharger : PROGRAMME JE EUROPE – AFRIQUE -2019
This international workshop aims at exploring the various modalities of non-voluntary cohabitation implied by the Allied military occupation in defeated Germany after 1945. In everyday life military occupation covered a wide range of interactions from protection to violence between mostly male occupiers, considered the winners, and holders of many privileges, against the occupied of both sexes, defeated and in a situation of legal, economic, as well as moral inferiority. The relationships between occupiers and the occupied ranged from enmity to intimacy and affected gender roles in several ways. Gender relationships were thus at the very heart of ongoing explicit and implicit renegotiation of these power struggles.
Organiser: Anne-Laure Briatte (FRIAS I Sorbonne University)
The conference is open to the public, with advanced registration requested: andrea.nordlander@frias.uni-freiburg.de
Programme
Thursday, June 6, 2019
09:00 Arrival of the participants at FRIAS (seminar room)
09:15 Opening of the workshop
Panel 1: Strategic, National, and Societal Dimensions of Sexual Violence in War Times
Chair: Sylvia Paletschek (Freiburg)
09:30 Claire Miot (Paris)
Before the Occupation. Gender Relationships between Soldiers and Women during the Invasion of Southern Germany by the French Army (April-July 1945)
10:10 Anne-Laure Briatte (Freiburg/Paris)
Reasserting Gender Roles. The Reports of the Catholic Priests on Sexual Violence and Intimate Encounters in the French Zone of Occupation
Discussion of the panel
11:00 Coffee break in the lounge
Panel 2: Responses to Fraternizations between Allied Occupiers and German Women
Chair: Anne-Laure Briatte (Freiburg/Paris)
11:30 Ann-Kristin Glöckner (Halle-Wittenberg)
“[D]iese Art der ‚Verbrüderung‘ geht einem denn doch etwas gegen den Strich!“ – Intimate Relationships between French and Germans in Southwestern Germany under Occupation, 1945-55
12:10 Camilo Erlichman (Maastricht)
A Question of Honour? Violence against Women in the British Zone of Germany
13:00 Lunch in the lounge
Chair: Fabrice Virgili (Paris)
14:00 Nadja Klopprogge (Berlin/Basel)
Race, Sex and the Liminality of the Aftermath: African American Occupation Troops in Postwar Germany
14:40 Lena Rudeck (Berlin)
Controlled Fraternization in Western Allied Soldiers’ Clubs? The System of American Social Passes, 1945-1948
Discussion of the panel
15:30 Teatime
Panel 3: Shifting Gender Roles in New Power Relationships
Chair: Valérie Dubslaff (Rennes)
16:00 Stefanie Siess (Heidelberg/Paris)
Social Representations in Ego-Documents from the French Zone of Occupation (1945-1955)
16:40 Arvid Schors (Freiburg)
Young Men Returning Home to an Alien Country. German-Speaking Emigrants as American and British Soldiers of Occupation in Germany and Austria
17:20 Bettina Blum (Paderborn)
„Mothers fight for their home“. Gendered Approaches to the Requisitioning of Houses in Westphalia
Discussion of the panel
19:30 Conference dinner
Friday, June 7, 2019
Panel 4: Cross-Border Family Constellations and National Issues around the ‘Children of the the Occupation’
Chair: Nadja Klopprogge (Berlin/Basel)
09:00 Christopher Knowles (London)
Marriage with ‘ex-enemy Aliens’: Why did British Servicemen marry German women after the End of the Second World War?
09:40 Lukas Schretter (Graz)
From Taboo to Recognition. Children Fathered by British Soldiers in Austria after World War II
10:30 Coffee break in the lounge
Chair: Camilo Erlichman (Maastricht)
11:00 Yves Denéchère (Angers)
The Attitude of the French State towards Children born to French Soldiers and Local Women in Germany and Indochina (1945-1954). A comparative Approach
11:40 Fabrice Virgili (Paris)
Recover Allied Children in Germany (1945-1949)
Discussion of the panel
Final discussion of the workshop
Please note that a pre-registration for the workshop is necessary. Please pre-register by May 29 by e-mail to andrea.nordlander@frias.uni-freiburg.de
You can also register for the FRIAS Lunch on Thursday. The lunch costs 12 €. When registering, please specify whether you would like the meat/fish or vegetarian option.
Journée d’études organisée par l’EHESS (CRAL – « Centre de recherches sur les arts et le langage » et PREMEC – « Premiers modes d’écriture de la Shoah ») et le LabEx EHNE (« Écrire une Histoire nouvelle de l’Europe »)
Responsable scientifique : Élise Petit, LabEx EHNE
Comité scientifique : Judith Lyon-Caen, Malena Chinski, Aurélia Kalisky, Esteban Buch
L’objet de cette journée d’études pluridisciplinaire est d’éclairer les stratégies de survie intellectuelle et spirituelle que révèle le vaste corpus de poèmes et de chansons clandestins, produits et souvent mis en circulation dans et à travers les frontières des ghettos et des camps pendant la Shoah. La forme versifiée semble y avoir été privilégiée par un grand nombre de victimes : obéissant à un besoin vital de saisir l’expérience d’une réalité inouïe, elle servait à ordonnancer le chaos, à la soumettre à la versification et à un rythme porteur de sens. S’intéressant aux entreprises de collecte effectuées pendant et juste après la guerre, cette journée abordera également la question de la création artistique dans les « camps de déplacés » des années 1945 à 1949. Elle se clôturera par une table-ronde et une présentation de l’ouvrage Chanter, rire et résister à Ravensbrück : Autour de Germaine Tillion et du Verfügbar aux Enfers, paru récemment au Seuil, en présence d’une partie de l’équipe de direction scientifique.
Programme
Matin (9h30-12h30)
9h30 Élise Petit, Aurélia Kalisky, Esteban Buch, Accueil des participants et présentation de la journée
10h Aurélia Kalisky, Zentrum für Literatur- und Kulturforschung, Berlin
“La poésie témoigne de nousˮ. Forme, rythme et figure comme principes de survie
10h45 Claude Mouchard
“Si étroite la durée du jourˮ (1941) – en relisant Avrom Sutzkever
11h30 Élise Petit
Aleksander Kulisiewicz, troubadour et collecteur
Après-midi (14h-17h)
14h Malena Chinski
Corpus de chansons et outils d’analyse de Nachman Blumental dans Conférences sur la littérature yiddish sous l’occupation nazie (1966)
14h45 Nathalie Cau
Le répertoire en yiddish dans le théâtre des “camps de déplacésˮ, 1945-1949
15h30 Présentation et discussion autour de l’ouvrage Chanter, rire et résister à Ravensbrück : Autour de Germaine Tillion et du Verfügbar aux Enfers.
Avec Philippe Despoix (Montréal), Cécile Quesney, Nelly Forget, Claude Mouchard, Esteban Buch et Élise Petit.
Cette rencontre cherche à surmonter deux déficits : celui d’une histoire de la mondialisation au XIXe siècle qui ne prend pas suffisamment pas en compte le genre ; celui d’une histoire genrée rivée à l’échelle locale ou à celle des États-nations. Au cours de ces deux journées, des spécialistes du XIXe siècle tenteront donc d’interroger la dimension spatiale et genrée de leurs objets, en plaçant au cœur de leur questionnement l’analyse de l’emboitement des échelles, du local au transnational.
Atelier du Centre d’Histoire du XIXe siècle organisé par Fabrice Bensimon, Jeanne Moisand, Clyde Plumauzille et Mathilde Rossigneux-Méheust.
Inscriptions sur crhxixe@univ-paris1.fr
Programme
17 juin 2019
9h30 : Introduction
9h45-13h00 : Imaginaires transnationaux du genre
Présidence : Isabelle MATAMOROS – (Labex EHNE – Sorbonne Université)
Dominique KALIFA (IUF, Centre d’histoire du XIXe siècle, Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Les relations genrées dans la rue et les terrasses parisiennes au second XIXe siècle.
Mathieu MARLY (Labex EHNE)
Seigneurs et guerriers. Hégémonie et hybridation masculine dans les armées coloniales au Maroc (années 1900-1920).
Teresa SEGURA-GARCIA (Universitat Pompeu Fabra) & Jeanne MOISAND (Centre d’histoire du XIXe siècle, Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Consommation et domination sexuelle et raciale : des boîtes à cigare entre La Havane et Londres (années 1860).
11h30 : Pause café
Présidence : Hélène BLAIS – (IHMC -École normale supérieure)
Cédric MAURIN (Centre d’histoire du XIXe siècle, Sorbonne Université)
La loi Roussel du 23 décembre 1874 : contexte international, législation nationale et application locale d’une politique de l’intime.
Pauline MORTAS (Centre d’histoire du XIXe siècle, Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
De la pharmacie du coin au spécialiste international : stratégies thérapeutiques des individus confrontés à des problèmes sexuels (années 1850-années 1930).
13h00-14h00 : Pause déjeuner
14h00-17h15 : Femmes et hommes en mouvement
Présidence : Rebecca ROGERS – (Université de Paris)
Catherine MAYEUR-JAOUEN (Centre d’histoire du XIXe siècle, Sorbonne Université)
« Rôles genrés au pèlerinage de Tanta (Égypte) : l’islam local et global à l’heure coloniale et post-coloniale (1863-1969) ».
Adelaïde MARINE-GOUJEON (Centre d’histoire du XIXe siècle, Sorbonne Université)
La mobilité des femmes Blanches créoles de la Martinique au XIXe siècle, au cœur des familles en archipel.
Claire-Lise GAILLARD (Centre d’histoire du XIXe siècle, Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
L’escroquerie au mariage à l’épreuve du transnational à la fin du XIXe siècle (France – Grande-Bretagne).
15h45 : Pause café
Présidence : Caroline FAYOLLE – (Université de Montpellier)
Théo MILLOT (Centre d’histoire du XIXe siècle, Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Proxénétisme transnational, prostitutions municipales : quand les mobilités renforcent les inégalités de genre.
Marie GOUPIL (Centre d’histoire du XIXe siècle, Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Au-delà des barrières : les tournées de chanteuses réalistes dans et hors de France, 1900-1960.
18 JUIN 2019
9h30-12h15 : Réseaux et disciplines transnationales
Présidence : Romy SANCHEZ – (Lille – CNRS-IRHIS)
Elsa GENARD (Centre d’histoire du XIXe siècle, Paris 1 Panthéon-Sorbonne) & Mathilde ROSSIGNEUX-MEHEUST (LARHRA, Lyon 2)
Genre et enfermement des populations, du local au transnational (panorama historiographique).
Albert GARCIA-BALAÑÀ (Universitat Pompeu Fabra)
Colonial Wars and Enemy Women: Po-lavieja’s war «on families» in Cuba and the Philippines (1879-1897).
11h00 : Pause café
Présidence : Delphine DIAZ – (Université de Reims)
Victoria AFANASYEVA (Centre d’histoire du XIXe siècle – ISOR, Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Le développement du mouvement antialcoolique en France et le réseau transnational des femmes militantes (1889-1914).
Inès ANRICH (Centre d’histoire du XIXe siècle, Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Les oppositions aux vocations religieuses des femmes : jeux d’échelles et comparaison (France et Espagne, 1830-1910).
12h15-13h30 : Pause déjeuner
13h30-16h15 : Genre et travail
Présidence : Nancy GREEN – (CRH-EHESS)
Nassima MEKAOUI-CHEBOUT (CRH-EHESS), Clyde PLUMAUZILLE (CRM – Sorbonne Université) et Violaine TISSEAU (IMAF-Aix – CNRS)
Domesticités : circulations transnationales et impériales (panorama historiographique).
Léa LEBOISSETIER ( LARHRA – ENS de Lyon / Centre d’histoire du XIXe siècle, Sorbonne Université)
Mobilité et genre au prisme des Onion Johnnies, colporteurs bretons en Grande-Bretagne (années 1890 – années 1970).
14h45 : Pause café
Présidence : Manuela MARTINI – (Université Lyon 2 – Louis Lumière)
Anh-Dao BUI TRAN (Centre d’histoire du XIXe siècle, Sorbonne Université)
Les ouvriers du Pont Victoria (Montréal) : jeux de pouvoir et virilité.
Fabrice BENSIMON (Centre d’histoire du XIXe siècle, Sorbonne Université)
Le genre de la dentelle à l’épreuve des migrations (France-Grande-Bretagne, 1810-1860).
16h15 : Conclusions du colloque
Séance 6. Fonder une famille en institution
Michel Lallement (CNAM) : « Le Familistère de Guise : famille ou institution totale ? »
Camille Fauroux (CRH, EHESS) : « Dans les interstices du camp et les détours de la ville : les relations familiales des ouvrières françaises à Berlin entre 1940 et 1945 »
Séminaire de recherche du GRID : « Entre les murs, hors les murs. Revisiter l’histoire des institutions disciplinaires »
Le séminaire « Entre les murs, hors les murs », initié en 2017-2018, s’inscrit dans le cadre des activités du Groupe de recherche sur les institutions disciplinaires (GRID). Celui-ci s’attache à décloisonner l’étude des institutions disciplinaires, en poursuivant une double perspective. Il adopte d’une part une approche comparative qui interroge la pertinence de penser ensemble des institutions distinctes et de faire dialoguer entre eux des chercheurs qui n’appartiennent a priori pas aux mêmes champs. Il prend d’autre part le parti de travailler à la frontière de ces institutions, c’est-à-dire d’interroger l’ensemble des flux qui traversent leurs murs et de penser tout ce qui se joue à l’interface entre l’intérieur et l’extérieur. Après une première année consacrée à l’analyse des mobilités humaines intra et inter-institutionnelles, le séminaire 2018-2019 s’attachera à mettre au jour et à interroger le rôle des liens familiaux dans l’expérience des institués et dans le fonctionnement des institutions en Europe à l’époque contemporaine.
Pourquoi donner une telle place aux liens familiaux pour écrire une histoire renouvelée des institutions disciplinaires ? Ce choix part d’abord d’un constat archivistique : travailler sur les liens familiaux relève presque de l’évidence tant les sources institutionnelles regorgent de correspondances familiales. A ce titre, l’importance de cette présence familiale peut être envisagée autant comme un élément de rapprochement que comme un vecteur de différenciation entre les institutions. Le choix de cette thématique répond ensuite à une insatisfaction épistémologique, face à un récit historique réducteur sur la « solidarité familiale », censée décliner avec l’institutionnalisation des populations. Dans le prolongement des travaux récents de sociologues ou d’anthropologues, qui nuancent cette opposition entre famille et institution, le séminaire invite plutôt à identifier les logiques de complémentarité et d’interpénétration entre les sphères familiale et institutionnelle. Il soulève ce-faisant une quadruple série de questionnements.
1. Travailler sur les liens familiaux implique en premier lieu de se demander ce qu’est une famille pour l’institution. Quelles sont les formes de parenté privilégiées par les acteurs institutionnels, et quelles personnes sont écartées de ces définitions de la famille ? Dans une perspective similaire, il s’agit de s’interroger sur les types de liens prescrits, entretenus ou encouragés par les institutions, et sur ceux qu’elles considèrent comme portant préjudice aux individus qu’elles encadrent. Dans quelles conditions les liens familiaux maintenus par les personnes instituées sont-ils perçus comme des obstacles ou comme des ressources dans la prise en charge institutionnelle ?
2. En faisant le choix d’une approche relationnelle, le séminaire invite par ailleurs à s’intéresser à la nature des liens qui unissent les institués et leurs familles, sans présumer de la teneur des interactions que nous allons trouver dans les sources. Que deviennent les liens familiaux à l’épreuve de l’institutionnalisation d’un tiers ? A quel prix sont-ils maintenus ? La question de la distance entre les institués et leurs proches, qu’elle soit physique ou émotionnelle, choisie ou subie, sera ainsi au cœur de nos préoccupations, de même que les efforts pour la réduire ou l’accroître. Les populations en institution sont-elles encouragées à entretenir les liens familiaux ? Quelles sont les stratégies mises en œuvre pour contourner les règlements encadrant les relations épistolaires et de face-à-face ? Qui sont les membres de la famille pourvoyeurs de careet garants du maintien du lien ? A l’inverse, les proches peuvent-ils utiliser l’institution comme un moyen de réguler les conflits internes à la famille, voire de rompre des liens devenus indésirables ?
3. Intégrer la famille dans le jeu institutionnel requiert également d’être attentif à l’influence des liens familiaux sur les trajectoires des institués et d’analyser réciproquement les effets de l’enfermement sur l’organisation familiale. Quelles sont les conséquences sur la structure familiale du placement d’un des membres de la famille ? La question du vide économique ou affectif laissé dans sa famille d’origine par un individu placé en institution est tout aussi centrale, puisqu’elle participe à la compréhension des logiques d’enfermement. Comment les familles interfèrent-elles dans la prise en charge institutionnelle de leurs proches ? L’expérience de l’institution, quelle qu’elle soit, est une expérience familiale. Comment faire face à l’absence d’un proche enfermé, ou au contraire à la solitude de l’institutionnalisation ?
4. La quatrième et dernière série de questions part du constat que certaines institutions vont jusqu’à calquer leur fonctionnement sur un modèle familial idéalisé. Il sera dès lors particulièrement intéressant de mesurer la pénétration du schéma familial dans l’organisation de ces communautés humaines disparates. Quel est le rôle de la famille dans la structuration des institutions disciplinaires contemporaines et quelle histoire des relations familiales les archives de ces institutions nous permettent-elles d’écrire ? En faisant dialoguer des spécialistes d’institutions aussi diverses que l’école, la prison, la caserne, l’hôpital psychiatrique, le couvent, le camp de travail ou les colonies familiales, ce séminaire aimerait en définitive contribuer à écrire une histoire de la famille en acte(s)et participer aux renouvellements de ce champ de recherche.
Colloque international organisé par le Centre d’histoire du XIXe siècle, le LabEx EHNE et le Centre de recherches en histoire des Slaves (UMR SIRICE)
La Guerre de Crimée (1853-1856) reste délaissée dans l’historiographie française du fait militaire. Elle n’a fait l’objet que de synthèses déjà anciennes et a connu pendant longtemps un relatif désamour, en étant associée, selon l’historiographie de la IIIème République, au Second Empire dont il fallait effacer la trace. L’étude la plus solide et la plus récente (1995) est à mettre sur le compte d’Alain Gouttman. Toutefois, si son travail se montre particulièrement érudit et objectif, il reste néanmoins fortement marqué par un tropisme encore net pour l’histoire-bataille. Ce retard de l’historiographie française est d’autant plus regrettable que la guerre de Crimée s’écrit à l’étranger, particulièrement en Angleterre, dans le cadre d’une histoire renouvelée des conflits de plus en plus souvent abordés dans une approche pluridisciplinaire.
En effet, la Guerre de Crimée marque, avec la Guerre de Sécession (1861-1865), un tournant historique et anthropologique majeur dans l’histoire du fait militaire, témoignant de transformations profondes dans la façon de combattre mais également dans le rapport qu’entretiennent les sociétés avec la guerre, que ce soit pendant ou après le conflit.
Ce colloque a donc pour ambition d’inscrire la guerre de Crimée dans cette nouvelle façon d’écrire l’histoire des conflits, en insistant sur trois aspects fondamentaux :
1) L’importance de l’anthropologie historique de la guerre moderne comme clé de compréhension des combats, des stratégies employées, du vécu et des sentiments des combattants, des relations réciproques entre la guerre et les sociétés.
2) La dimension transnationale, en introduisant une histoire comparée du conflit. La confrontation d’histoires croisées permettra de sortir du cloisonnement imposé par les seules approches nationales. Surtout, la guerre de Crimée ne devra pas être uniquement vue de l’Occident, il faudra donc évaluer sa perception et ses répercussions dans le monde russe et dans le monde ottoman.
3) La dimension socioculturelle du conflit et sa mémoire. La guerre de Crimée influence la société par l’investissement médiatiques, économique et symbolique de l’État, de l’armée et des civils.
Tenant compte de cette triple démarche méthodologique, nous avons décidé d’organiser le colloque autour de quatre axes majeurs.
I) Guerre et diplomatie
Dans cet axe teinté de géopolitique, il sera aussi bien question des causes de la guerre, des motivations des belligérants et des conséquences du conflit sur la diplomatie. La guerre de Crimée sera ainsi replacée dans le double contexte séculaire du concert des nations et de la question d’Orient. Si les causes religieuses du conflit ont probablement été surévaluées, les raisons économiques et le contrôle des Détroits sont au cœur des problématiques de la diplomatie européenne. La rupture de l’équilibre diplomatique qui avait été maintenu, bon an mal an, depuis 1815 est également un sujet de préoccupation majeure des cabinets et pousse à des réflexions sur le droit international et sur la paix du continent européen qui conduisent au traité de Paris (30 mars 1856).
II) Vivre la guerre
La guerre de Crimée marque des bouleversements importants dans l’expérience des combats par les soldats. L’évolution des techniques d’armement (le fusil à canon rayé, les obus explosifs) et des stratégies militaires (apparition de la guerre de tranchées) accroît les risques, les atteintes corporelles et la létalité. Des nouvelles blessures apparaissent, tandis que le choléra décime les troupes. Ceci pousse alors à créer de nouvelles structures d’encadrement médical (rôle de Florence Nightingale, de Valérie de Gasparin, d’Elena Pavlovna). On se mobilise également à l’arrière, comme en témoignent les nombreuses souscriptions levées pour les familles des soldats morts et blessés en France et en Angleterre, ainsi que le travail mené par Anatole Demidov vis-à-vis des blessés et des prisonniers dans toute l’Europe.
III) Économie, société et opinion publique
L’impact de la guerre de Crimée dépasse de très loin le cadre des simples opérations militaires. Une véritable économie de guerre se développe avec le recours à l’emprunt et l’émergence d’entrepreneurs de guerre. Dans le cas ottoman, l’investissement militaire est décisif dans la création de la Banque impériale ottomane qui conduit à la mise sous tutelle par les puissances européennes d’une Sublime Porte surendettée. Les sociétés vivent également au rythme de la guerre. Une véritable « union sacrée » se met en place dans tous les États, bien alimentée par des gouvernements qui cherchent à mobiliser leurs opinions publiques contre l’ennemi. En effet, ce rôle accru de l’opinion publique est d’autant plus évident que le traitement de l’information militaire connaît des modifications majeures avec l’émergence du télégraphe et de la photographie.
IV) Images, représentations et mémoire
La vision de la guerre est transformée et pousse ainsi à utiliser les leviers de l’histoire culturelle (importance de l’art dans la guerre), de l’histoire des représentations et de l’histoire des imaginaires. Bien que le culte de l’officier héroïque soit maintenu (Saint-Arnaud en France, Gortchakov en Russie), les simples soldats trouvent leurs lettres de noblesse, comme en témoignent les nombreux monuments aux morts qui leur sont dédiés. De fait, la guerre de Crimée possède une
dimension mémorielle très forte, comme l’attestent ses retombées en matière de toponymie et sa place dans les références historiques de certains dirigeants politiques actuels.
Comité d’organisation
Marie-Pierre Rey (Université Panthéon-Sorbonne, SIRICE), Éric Anceau (Sorbonne Université, LabEx EHNE), Jean-François Figeac (Sorbonne Université, Centre d’histoire du XIXème siècle).
Conseil scientifique
Éric Anceau (Sorbonne Université, LabEx EHNE),
Yves Bruley (Ecole pratique des hautes études),
Walter Bruyère-Ostells (IEP d’Aix-en-Provence),
Lorraine de Meaux (Université Panthéon-Sorbonne),
Hervé Drévillon (Université Panthéon-Sorbonne, directeur de la recherche historique au SHD),
Anne-Laure Dupont (Sorbonne Université, Centre d’histoire du XIXème siècle),
Edhem Eldem (Collège de France, chaire d’histoire turque et ottomane),
Jean-François Figeac (Sorbonne Université, Centre d’histoire du XIXème siècle),
Orlando Figes (Birkbeck College de Londres),
Hubert Heyriès (Université Paul Valéry/ Montpellier III),
Catherine Horel (Université Panthéon-Sorbonne, SIRICE),
Jean-Noël Luc (Sorbonne Université, Centre d’histoire du XIXème siècle),
Silvia Marton (Université de Bucarest),
Nicolae Mihai (Université de Craiova),
Catherine Mayeur-Jaouen (Sorbonne Université, Centre d’histoire du XIXème siècle),
Marie-Pierre Rey (Université Panthéon-Sorbonne, SIRICE),
Odile Roynette (Université Bourgogne Franche-Comté),
Özgür Türesay (Ecole pratique des hautes études).
Centres de recherches
Centre d’histoire du XIXème siècle,
LabEx EHNE,
Centre de recherches en histoire des Slaves (UMR SIRICE).
Institutions partenaires : Fondation Napoléon, Service historique de la Défense.
Langues du colloque : Français / Anglais.