Séance :
Le droit conventionnel européen pour la protection des droits de l’homme : une approche historique
Yannick Lecuyer, Université d’Angers
[Partenariat LabEx EHNE – Séance 3 du programme L’humanitaire : nouveau champ de recherche pour l’histoire de l’Europe]
Séminaire Master-Doctorat : Pouvoirs, sociétés, enquêtes dans le monde occidental (France, Europe et Amérique du Nord), XIXe-XXe siècle
Sorbonne Université / Centre d’histoire du XIXe siècle / LabEx EHNE
Éric Anceau (MDC-HDR) & Matthieu Brejon de Lavergnée (MDC-HDR)
ericmarc.anceau@gmail.com
matthieu.brejon@gmail.com
Ce séminaire d’histoire politique, sociale et culturelle porte sur les pouvoirs et les sociétés du monde occidental à l’époque contemporaine, en particulier sur l’expertise (commissions d’enquêtes, comités d’experts, …), sur les enquêtes sociales et sur la constitution de champs intellectuels, de réseaux de sociabilité et de circulations savantes. Il aborde cette question dans toutes ses dimensions (historiographie, méthodologie et études de cas), recourt à l’interdisciplinarité (en particulier la sociologie, le droit, la science politique, l’économie), et fait la part belle à des recherches en cours conduites par les directeurs (enquêtes leplaysiennes et saint-simoniennes, entourages de l’exécutif, réseaux confessionnels, milieux féminins, entrepreneurs du Second Empire, …) et par des chercheurs français et étrangers invités.
Programme
Vendredi 10 mai
Atelier étudiant : présentation de travaux et bilan d’étape de la correspondance de Le Play
dont Béatrice Robic (doctorante Sorbonne Université) : Le travail des écoliers britanniques. Les enseignements du rapport d’enquête de la commission interministérielle de 1901
À l’issue du séminaire et pour clore l’année, il est prévu une visite des Archives du Sénat au Palais du Luxembourg. La date et l’horaire seront précisés ultérieurement.
Quels sont les soubassements et les expressions idéologiques, politiques, socio-culturels et/ou esthético-littéraires qui composent la figure aux contours multiples du correspondant de guerre dans l’entre-deux-guerres, spécifiquement dans l’aire latine, à la fois théâtre de conflits et pourvoyeuse de correspondants dans le monde entier ? En quoi cette figure diffère-t-elle de celle des écrivains-voyageurs ? Et dans quelle mesure ces deux modèles se ressemblent-ils ou se fondent-ils ? Quels sont les impacts des conflits intermédiaires des années 1918-1939 sur le renouvellement de la fonction des correspondants de guerre ? Enfin, sachant que la plupart de ces conflits naissent en tant que conséquences des visées impériales de régimes antiparlementaires à vocation révolutionnaire (guerres coloniales ou résistances “décoloniales”, internationalisation des révolutions rouges, noires ou brunes, tensions géopolitiques entre démocraties et régimes totalitaires ou autoritaires, etc.), en quoi les correspondants de guerre de cette époque de transition sont-ils le produit de ces bouleversements civilisationnels, et, surtout, en quoi sont-ils le signe avant-coureur de la catastrophe redoutée d’un second conflit mondial, dont la guerre d’Espagne est par excellence la “répétition générale” ? Quoique circonscrites à l’aire latine et à ses colonies, les études proposées pourront évidemment porter sur des correspondants de guerre provenant d’autres aires géographiques (Allemagne, Royaume-Uni, États-Unis,
Union soviétique etc.), pourvu qu’ils opèrent dans l’aire latine.
Comité scientifique :
François Cochet (Université Paul Verlaine), António Costa Pinto (Université de Lisbonne), Olivier Dard (Université Paris Sorbonne), Yves Denéchère (Université d’Angers), François Hourmant (Université d’Angers), Michel Leymarie (Université Lille 3), José Ferrándiz Lozano (Universitad de Alicante), Emmanuel Mattiato (Université Savoie Mont Blanc), Barbara Meazzi (Université Nice Sophia Antipolis), Didier Musiedlak (Université Paris Nanterre), Manuelle Peloille (Université d’Angers), Francesco Perfetti (LLUIS Guido Carli), Ana Isabel Sardinha (Université de la Sorbonne Nouvelle), Frédéric Turpin (Université Savoie
Mont Blanc).
Co-organisation
Manuelle Peloille, Université d’Angers
Emmanuel Mattiato, Université Savoie Mont-Blanc
Olivier Dard, Labex EHNE, Sorbonne Université
JEUDI 9 MAI
9h30 Accueil des participants.
10h Ouverture du colloque
10h15 Présentation, par Emmanuel Mattiato (U. Savoie Mont Blanc)
10h30-11h30 Conférence inaugurale de Mauro Canali (U. Camerino, Italie)
12h00 débat
12h15-13h30 Buffet
14h-18h Autour de la Première Guerre mondiale
Juan Carlos García Reyes (U. Ouverte de Catalogne)
En todas partes he defendido el tradicionalismo y dondequiera fui reaccionario” : las crónicas de guerra de Saturnino Giménez Enrich entre 1909 y 1923
Elvire Diaz (U. Poitiers, MIMMOC EA 3812)
Homme politique, écrivain et correspondant de guerre ? Les écrits sur la (les) guerre(s) de Manuel Azaña, de 1918 à 1939
Christine Lavail (U. Paris Nanterre, CRIIA EA 369)
Écrire la guerre autrement. Teresa de Escoriaza, une femme dans la campagne du Maroc, 1921
Bastian Matteo Scianna (Universität Potsdam, Allemagne/Fondation Konrad Adenauer)
Evelyn Waugh and George L. Steer. Hereafter, two reporters employed on the Italian side will be looked at: Herbert L. Matthews and General John F. C. Fuller.
20h Dîner au restaurant Provence Caffé, 9 Place du Ralliement, Angers
VENDREDI 10 MAI
9h30 Accueil
Modération : Mauro Canali
10h-11h Olivier Dard (Sorbonne Université, Labex EHNE)
Nationalistes français et reportages de guerre de l’Ethiopie à l’Espagne
11h-12h30 Guerre d’Espagne
Anne Mathieu (U. Lorraine, LIS/TELEM)
Sous les bombes. Reporters et reportrices dans la presse française antifasciste pendant la guerre d’Espagne entre 1936 et 1938
Allison Taillot, (U. Paris Nanterre, CRIIA EA 369)
Des correspondantes de guerre dans la guerre d’Espagne : trajectoires, pratiques et enjeux
12h45 Buffet
14h-15h30 Guerre d’Espagne : Études de cas
Carole Vinals (U. Lille, CECILLE EA 4074)
Lo que han visto mis ojos. Elena de la Souchère et son regard sur la guerre d’Espagne
Lola Jordan (Aix-Marseille Université, UMR TELEMME 7303)
Du correspondant de guerre à l’écrivain-voyageur : Antoine de Saint-Exupéry face à la guerre civile espagnole
15h30-16h15 Épilogue
Laila Yousef Sandoval
Une approche philosophique a la période de l’entre-deux-guerres: le récit existentiel d’Ernst Jünger
16h15-16h45 Conclusions du colloque, par O. Dard, E. Mattiato et M. Peloille
Programme à télécharger : Programme-livret_Correspondants de guerre_190509
Séance :
Atelier étudiant : présentation de travaux et bilan d’étape de la correspondance de Le Play
dont Béatrice Robic (doctorante Sorbonne Université) : Le travail des écoliers britanniques. Les enseignements du rapport d’enquête de la commission interministérielle de 1901
Séminaire Master-Doctorat : Pouvoirs, sociétés, enquêtes dans le monde occidental (France, Europe et Amérique du Nord), XIXe-XXe siècle
Sorbonne Université / Centre d’histoire du XIXe siècle / LabEx EHNE
Éric Anceau (MDC-HDR) & Matthieu Brejon de Lavergnée (MDC-HDR)
ericmarc.anceau@gmail.com
matthieu.brejon@gmail.com
Ce séminaire d’histoire politique, sociale et culturelle porte sur les pouvoirs et les sociétés du monde occidental à l’époque contemporaine, en particulier sur l’expertise (commissions d’enquêtes, comités d’experts, …), sur les enquêtes sociales et sur la constitution de champs intellectuels, de réseaux de sociabilité et de circulations savantes. Il aborde cette question dans toutes ses dimensions (historiographie, méthodologie et études de cas), recourt à l’interdisciplinarité (en particulier la sociologie, le droit, la science politique, l’économie), et fait la part belle à des recherches en cours conduites par les directeurs (enquêtes leplaysiennes et saint-simoniennes, entourages de l’exécutif, réseaux confessionnels, milieux féminins, entrepreneurs du Second Empire, …) et par des chercheurs français et étrangers invités.
À l’issue du séminaire et pour clore l’année, il est prévu une visite des Archives du Sénat au Palais du Luxembourg. La date et l’horaire seront précisés ultérieurement.
Le professeur Pascal Griset et le professeur David Aubin ont le plaisir de vous inviter à la séance du séminaire HSHI intitulée « Comment l’environnement a été géré depuis 50 ans – Anatomie d’un échec» qui se tiendra le jeudi 16 mai de 17h à 19h au Campus des Cordeliers, 15, rue de l’Ecole de Médecine, Paris 75006, à l’amphithéatre Roussy, esc. B, 2 e étage.
Dominique Pestre, directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Centre Alexandre Koyré, interviendra sur la manière dont les dégâts du progrès et l’anthropisation de la nature ont été gérés des années 1960 à nos jours, et en quoi cela peut permettre de comprendre la médiocrité des résultats.
Séance 4, Barbara Lambauer (SIRICE)
Migration de masse et intervention philanthropique : le cas des Juifs d’Europe centrale et orientale avant 1914
Séminaire de recherche du LabEx EHNE (Écrire une histoire nouvelle de l’Europe) : L’humanitaire : nouveau champ de recherche pour l’histoire de l’Europe
Prochaine séance :
Séance 5, vendredi 5 juillet
Stéphanie Prévost (LARCA-Université Paris Diderot)
Le secours britannique au moment des massacres hamidiens : vers une nouvelle conception de l’aide humanitaire ? 1895-1899
Programme à télécharger : Programme Séminaire Humanitaire
La journée d’études organisée par le LabEx EHNE (Sorbonne Université) et le Centre de recherche bretonne et celtique (Brest) entend mettre en évidence les rapports entre mouvements régionalistes ou nationalistes régionaux et Europe aux XXe et XXIe siècles. Deux questions sont ainsi privilégiées : Comment se combinent régionalismes, nationalismes régionaux et européismes ? Comment, dans cette perspective, s’articulent régions, nations, Europe ? Et ce dans une séquence chronologique allant des projets fédéralistes européens du début du XXe siècle à l’Union européenne. Il ne s’agit donc pas de rejouer l’historiographie régionaliste ou nationaliste régionale, mais de replacer les mouvements concernés dans les ensembles plus vastes de l’ouverture européenne : quelles furent et quelles sont les influences européennes de ces mouvements ? Comment se sont-ils situés, ou se situent-ils par rapports aux différents acteurs et projets européens des XXe et XXIe siècles ? Quels réseaux tout cela dessine-t-il ?
Organisateurs :
Sébastien Carney (CRBC-Université de Bretagne Occidentale), Olivier Dard (LabEx EHNE-Sorbonne Université), Marie Levant (LabEx EHNE-Sorbonne Université)
Contact et informations : labex.ehne2@gmail.com
Programme
9h Introduction
Olivier Dard (LabEx EHNE-Sorbonne Université) et Sébastien Carney (CRBC-Université de Bretagne Occidentale)
9h15 Session I : Régionalisme, fédéralisme et Europe
Modération : Sébastien Carney (CRBC-Université de Bretagne Occidentale)
François DUBASQUE (Maître de conférence en histoire contemporaine à l’Université de Poitiers / CRIHAM)
Le régionalisme, un fédéralisme interne ? Nouvelle organisation territoriale et idée européenne dans les milieux décentralisateurs français au XXe siècle
Olivier DARD (Professeur d’histoire contemporaine à Sorbonne Université et directeur du LabEx EHNE)
De « l’Europe des ethnies » à l’Europe des régions
Débat et Pause-Café
11h Session II : Régionalismes, nationalismes et identités
Modération : Marie Levant (Sorbonne Université-LabEx EHNE)
Paolo POMBENI (Professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Alma Mater Studiorum-Università di Bologna)
Une région à deux frontières. Le Trentin et le Tyrol du Sud entre identité culturelle autrichienne et appartenance politique italienne 1919-2019
Sébastien CARNEY (Maître de conférence en histoire contemporaine à l’Université de Bretagne Occidentale / CRBC)
Les nationalistes bretons face aux projets européens, des années 1920 aux années 2000 : une stratégie de l’étau ?
Débat et Pause-Déjeuner
14h15 Session III : Etats sous la pression régionaliste et européenne
Modération : Olivier Dard (LabEx EHNE-Sorbonne Université)
Paul DIRKX (Maître de conférence de Langue et littérature françaises à l’Université de Lorraine / Centre de recherche Écritures)
La Belgique, laboratoire de l’Europe ethnolibérale
Gilles LEYDIER (Professeur des Universités en civilisation britannique contemporaine à l’Université de Toulon / Laboratoire Babel)
Entre nationalisme identitaire, « britannicité » et intégration européenne : le cas de l’Ecosse
Hélène DEWAELE VALDERRÁBANO (Maître de conférence en civilisation de l’Espagne contemporaine à Sorbonne Université / CRIMIC)
Le nationalisme catalan et l’enjeu européen (XXe -XXIe siècles)
Débat et Pause-Café
16h30 Conclusions
Sébastien Carney et Olivier Dard
Séance 5. Les institutions : des familles de substitution ?
Mathieu Marly (LabEx EHNE) : « L’impossible famille militaire : le paternalisme et ses limites dans l’armée française de la fin du XIXe siècle »
Marie Derrien (IRHiS, Lille 3) et Mathilde Rossigneux-Méheust (LARHRA, Lyon 2) : « Les nourriciers dans les colonies familiales : une nouvelle famille ? »
Séminaire de recherche du GRID : « Entre les murs, hors les murs. Revisiter l’histoire des institutions disciplinaires »
Le séminaire « Entre les murs, hors les murs », initié en 2017-2018, s’inscrit dans le cadre des activités du Groupe de recherche sur les institutions disciplinaires (GRID). Celui-ci s’attache à décloisonner l’étude des institutions disciplinaires, en poursuivant une double perspective. Il adopte d’une part une approche comparative qui interroge la pertinence de penser ensemble des institutions distinctes et de faire dialoguer entre eux des chercheurs qui n’appartiennent a priori pas aux mêmes champs. Il prend d’autre part le parti de travailler à la frontière de ces institutions, c’est-à-dire d’interroger l’ensemble des flux qui traversent leurs murs et de penser tout ce qui se joue à l’interface entre l’intérieur et l’extérieur. Après une première année consacrée à l’analyse des mobilités humaines intra et inter-institutionnelles, le séminaire 2018-2019 s’attachera à mettre au jour et à interroger le rôle des liens familiaux dans l’expérience des institués et dans le fonctionnement des institutions en Europe à l’époque contemporaine.
Pourquoi donner une telle place aux liens familiaux pour écrire une histoire renouvelée des institutions disciplinaires ? Ce choix part d’abord d’un constat archivistique : travailler sur les liens familiaux relève presque de l’évidence tant les sources institutionnelles regorgent de correspondances familiales. A ce titre, l’importance de cette présence familiale peut être envisagée autant comme un élément de rapprochement que comme un vecteur de différenciation entre les institutions. Le choix de cette thématique répond ensuite à une insatisfaction épistémologique, face à un récit historique réducteur sur la « solidarité familiale », censée décliner avec l’institutionnalisation des populations. Dans le prolongement des travaux récents de sociologues ou d’anthropologues, qui nuancent cette opposition entre famille et institution, le séminaire invite plutôt à identifier les logiques de complémentarité et d’interpénétration entre les sphères familiale et institutionnelle. Il soulève ce-faisant une quadruple série de questionnements.
1. Travailler sur les liens familiaux implique en premier lieu de se demander ce qu’est une famille pour l’institution. Quelles sont les formes de parenté privilégiées par les acteurs institutionnels, et quelles personnes sont écartées de ces définitions de la famille ? Dans une perspective similaire, il s’agit de s’interroger sur les types de liens prescrits, entretenus ou encouragés par les institutions, et sur ceux qu’elles considèrent comme portant préjudice aux individus qu’elles encadrent. Dans quelles conditions les liens familiaux maintenus par les personnes instituées sont-ils perçus comme des obstacles ou comme des ressources dans la prise en charge institutionnelle ?
2. En faisant le choix d’une approche relationnelle, le séminaire invite par ailleurs à s’intéresser à la nature des liens qui unissent les institués et leurs familles, sans présumer de la teneur des interactions que nous allons trouver dans les sources. Que deviennent les liens familiaux à l’épreuve de l’institutionnalisation d’un tiers ? A quel prix sont-ils maintenus ? La question de la distance entre les institués et leurs proches, qu’elle soit physique ou émotionnelle, choisie ou subie, sera ainsi au cœur de nos préoccupations, de même que les efforts pour la réduire ou l’accroître. Les populations en institution sont-elles encouragées à entretenir les liens familiaux ? Quelles sont les stratégies mises en œuvre pour contourner les règlements encadrant les relations épistolaires et de face-à-face ? Qui sont les membres de la famille pourvoyeurs de careet garants du maintien du lien ? A l’inverse, les proches peuvent-ils utiliser l’institution comme un moyen de réguler les conflits internes à la famille, voire de rompre des liens devenus indésirables ?
3. Intégrer la famille dans le jeu institutionnel requiert également d’être attentif à l’influence des liens familiaux sur les trajectoires des institués et d’analyser réciproquement les effets de l’enfermement sur l’organisation familiale. Quelles sont les conséquences sur la structure familiale du placement d’un des membres de la famille ? La question du vide économique ou affectif laissé dans sa famille d’origine par un individu placé en institution est tout aussi centrale, puisqu’elle participe à la compréhension des logiques d’enfermement. Comment les familles interfèrent-elles dans la prise en charge institutionnelle de leurs proches ? L’expérience de l’institution, quelle qu’elle soit, est une expérience familiale. Comment faire face à l’absence d’un proche enfermé, ou au contraire à la solitude de l’institutionnalisation ?
4. La quatrième et dernière série de questions part du constat que certaines institutions vont jusqu’à calquer leur fonctionnement sur un modèle familial idéalisé. Il sera dès lors particulièrement intéressant de mesurer la pénétration du schéma familial dans l’organisation de ces communautés humaines disparates. Quel est le rôle de la famille dans la structuration des institutions disciplinaires contemporaines et quelle histoire des relations familiales les archives de ces institutions nous permettent-elles d’écrire ? En faisant dialoguer des spécialistes d’institutions aussi diverses que l’école, la prison, la caserne, l’hôpital psychiatrique, le couvent, le camp de travail ou les colonies familiales, ce séminaire aimerait en définitive contribuer à écrire une histoire de la famille en acte(s)et participer aux renouvellements de ce champ de recherche.
Prochaine séance
19 juin 2019 : Séance 6. Fonder une famille en institution
Michel Lallement (CNAM) : « Le Familistère de Guise : famille ou institution totale ? »
Camille Fauroux (CRH, EHESS) : « Dans les interstices du camp et les détours de la ville : les relations familiales des ouvrières françaises à Berlin entre 1940 et 1945 »
Séance 6. Fonder une famille en institution
Michel Lallement (CNAM) : « Le Familistère de Guise : famille ou institution totale ? »
Camille Fauroux (CRH, EHESS) : « Dans les interstices du camp et les détours de la ville : les relations familiales des ouvrières françaises à Berlin entre 1940 et 1945 »
Séminaire de recherche du GRID : « Entre les murs, hors les murs. Revisiter l’histoire des institutions disciplinaires »
Le séminaire « Entre les murs, hors les murs », initié en 2017-2018, s’inscrit dans le cadre des activités du Groupe de recherche sur les institutions disciplinaires (GRID). Celui-ci s’attache à décloisonner l’étude des institutions disciplinaires, en poursuivant une double perspective. Il adopte d’une part une approche comparative qui interroge la pertinence de penser ensemble des institutions distinctes et de faire dialoguer entre eux des chercheurs qui n’appartiennent a priori pas aux mêmes champs. Il prend d’autre part le parti de travailler à la frontière de ces institutions, c’est-à-dire d’interroger l’ensemble des flux qui traversent leurs murs et de penser tout ce qui se joue à l’interface entre l’intérieur et l’extérieur. Après une première année consacrée à l’analyse des mobilités humaines intra et inter-institutionnelles, le séminaire 2018-2019 s’attachera à mettre au jour et à interroger le rôle des liens familiaux dans l’expérience des institués et dans le fonctionnement des institutions en Europe à l’époque contemporaine.
Pourquoi donner une telle place aux liens familiaux pour écrire une histoire renouvelée des institutions disciplinaires ? Ce choix part d’abord d’un constat archivistique : travailler sur les liens familiaux relève presque de l’évidence tant les sources institutionnelles regorgent de correspondances familiales. A ce titre, l’importance de cette présence familiale peut être envisagée autant comme un élément de rapprochement que comme un vecteur de différenciation entre les institutions. Le choix de cette thématique répond ensuite à une insatisfaction épistémologique, face à un récit historique réducteur sur la « solidarité familiale », censée décliner avec l’institutionnalisation des populations. Dans le prolongement des travaux récents de sociologues ou d’anthropologues, qui nuancent cette opposition entre famille et institution, le séminaire invite plutôt à identifier les logiques de complémentarité et d’interpénétration entre les sphères familiale et institutionnelle. Il soulève ce-faisant une quadruple série de questionnements.
1. Travailler sur les liens familiaux implique en premier lieu de se demander ce qu’est une famille pour l’institution. Quelles sont les formes de parenté privilégiées par les acteurs institutionnels, et quelles personnes sont écartées de ces définitions de la famille ? Dans une perspective similaire, il s’agit de s’interroger sur les types de liens prescrits, entretenus ou encouragés par les institutions, et sur ceux qu’elles considèrent comme portant préjudice aux individus qu’elles encadrent. Dans quelles conditions les liens familiaux maintenus par les personnes instituées sont-ils perçus comme des obstacles ou comme des ressources dans la prise en charge institutionnelle ?
2. En faisant le choix d’une approche relationnelle, le séminaire invite par ailleurs à s’intéresser à la nature des liens qui unissent les institués et leurs familles, sans présumer de la teneur des interactions que nous allons trouver dans les sources. Que deviennent les liens familiaux à l’épreuve de l’institutionnalisation d’un tiers ? A quel prix sont-ils maintenus ? La question de la distance entre les institués et leurs proches, qu’elle soit physique ou émotionnelle, choisie ou subie, sera ainsi au cœur de nos préoccupations, de même que les efforts pour la réduire ou l’accroître. Les populations en institution sont-elles encouragées à entretenir les liens familiaux ? Quelles sont les stratégies mises en œuvre pour contourner les règlements encadrant les relations épistolaires et de face-à-face ? Qui sont les membres de la famille pourvoyeurs de careet garants du maintien du lien ? A l’inverse, les proches peuvent-ils utiliser l’institution comme un moyen de réguler les conflits internes à la famille, voire de rompre des liens devenus indésirables ?
3. Intégrer la famille dans le jeu institutionnel requiert également d’être attentif à l’influence des liens familiaux sur les trajectoires des institués et d’analyser réciproquement les effets de l’enfermement sur l’organisation familiale. Quelles sont les conséquences sur la structure familiale du placement d’un des membres de la famille ? La question du vide économique ou affectif laissé dans sa famille d’origine par un individu placé en institution est tout aussi centrale, puisqu’elle participe à la compréhension des logiques d’enfermement. Comment les familles interfèrent-elles dans la prise en charge institutionnelle de leurs proches ? L’expérience de l’institution, quelle qu’elle soit, est une expérience familiale. Comment faire face à l’absence d’un proche enfermé, ou au contraire à la solitude de l’institutionnalisation ?
4. La quatrième et dernière série de questions part du constat que certaines institutions vont jusqu’à calquer leur fonctionnement sur un modèle familial idéalisé. Il sera dès lors particulièrement intéressant de mesurer la pénétration du schéma familial dans l’organisation de ces communautés humaines disparates. Quel est le rôle de la famille dans la structuration des institutions disciplinaires contemporaines et quelle histoire des relations familiales les archives de ces institutions nous permettent-elles d’écrire ? En faisant dialoguer des spécialistes d’institutions aussi diverses que l’école, la prison, la caserne, l’hôpital psychiatrique, le couvent, le camp de travail ou les colonies familiales, ce séminaire aimerait en définitive contribuer à écrire une histoire de la famille en acte(s)et participer aux renouvellements de ce champ de recherche.
Colloque international organisé par le Centre d’histoire du XIXe siècle, le LabEx EHNE et le Centre de recherches en histoire des Slaves (UMR SIRICE)
La Guerre de Crimée (1853-1856) reste délaissée dans l’historiographie française du fait militaire. Elle n’a fait l’objet que de synthèses déjà anciennes et a connu pendant longtemps un relatif désamour, en étant associée, selon l’historiographie de la IIIème République, au Second Empire dont il fallait effacer la trace. L’étude la plus solide et la plus récente (1995) est à mettre sur le compte d’Alain Gouttman. Toutefois, si son travail se montre particulièrement érudit et objectif, il reste néanmoins fortement marqué par un tropisme encore net pour l’histoire-bataille. Ce retard de l’historiographie française est d’autant plus regrettable que la guerre de Crimée s’écrit à l’étranger, particulièrement en Angleterre, dans le cadre d’une histoire renouvelée des conflits de plus en plus souvent abordés dans une approche pluridisciplinaire.
En effet, la Guerre de Crimée marque, avec la Guerre de Sécession (1861-1865), un tournant historique et anthropologique majeur dans l’histoire du fait militaire, témoignant de transformations profondes dans la façon de combattre mais également dans le rapport qu’entretiennent les sociétés avec la guerre, que ce soit pendant ou après le conflit.
Ce colloque a donc pour ambition d’inscrire la guerre de Crimée dans cette nouvelle façon d’écrire l’histoire des conflits, en insistant sur trois aspects fondamentaux :
1) L’importance de l’anthropologie historique de la guerre moderne comme clé de compréhension des combats, des stratégies employées, du vécu et des sentiments des combattants, des relations réciproques entre la guerre et les sociétés.
2) La dimension transnationale, en introduisant une histoire comparée du conflit. La confrontation d’histoires croisées permettra de sortir du cloisonnement imposé par les seules approches nationales. Surtout, la guerre de Crimée ne devra pas être uniquement vue de l’Occident, il faudra donc évaluer sa perception et ses répercussions dans le monde russe et dans le monde ottoman.
3) La dimension socioculturelle du conflit et sa mémoire. La guerre de Crimée influence la société par l’investissement médiatiques, économique et symbolique de l’État, de l’armée et des civils.
Tenant compte de cette triple démarche méthodologique, nous avons décidé d’organiser le colloque autour de quatre axes majeurs.
I) Guerre et diplomatie
Dans cet axe teinté de géopolitique, il sera aussi bien question des causes de la guerre, des motivations des belligérants et des conséquences du conflit sur la diplomatie. La guerre de Crimée sera ainsi replacée dans le double contexte séculaire du concert des nations et de la question d’Orient. Si les causes religieuses du conflit ont probablement été surévaluées, les raisons économiques et le contrôle des Détroits sont au cœur des problématiques de la diplomatie européenne. La rupture de l’équilibre diplomatique qui avait été maintenu, bon an mal an, depuis 1815 est également un sujet de préoccupation majeure des cabinets et pousse à des réflexions sur le droit international et sur la paix du continent européen qui conduisent au traité de Paris (30 mars 1856).
II) Vivre la guerre
La guerre de Crimée marque des bouleversements importants dans l’expérience des combats par les soldats. L’évolution des techniques d’armement (le fusil à canon rayé, les obus explosifs) et des stratégies militaires (apparition de la guerre de tranchées) accroît les risques, les atteintes corporelles et la létalité. Des nouvelles blessures apparaissent, tandis que le choléra décime les troupes. Ceci pousse alors à créer de nouvelles structures d’encadrement médical (rôle de Florence Nightingale, de Valérie de Gasparin, d’Elena Pavlovna). On se mobilise également à l’arrière, comme en témoignent les nombreuses souscriptions levées pour les familles des soldats morts et blessés en France et en Angleterre, ainsi que le travail mené par Anatole Demidov vis-à-vis des blessés et des prisonniers dans toute l’Europe.
III) Économie, société et opinion publique
L’impact de la guerre de Crimée dépasse de très loin le cadre des simples opérations militaires. Une véritable économie de guerre se développe avec le recours à l’emprunt et l’émergence d’entrepreneurs de guerre. Dans le cas ottoman, l’investissement militaire est décisif dans la création de la Banque impériale ottomane qui conduit à la mise sous tutelle par les puissances européennes d’une Sublime Porte surendettée. Les sociétés vivent également au rythme de la guerre. Une véritable « union sacrée » se met en place dans tous les États, bien alimentée par des gouvernements qui cherchent à mobiliser leurs opinions publiques contre l’ennemi. En effet, ce rôle accru de l’opinion publique est d’autant plus évident que le traitement de l’information militaire connaît des modifications majeures avec l’émergence du télégraphe et de la photographie.
IV) Images, représentations et mémoire
La vision de la guerre est transformée et pousse ainsi à utiliser les leviers de l’histoire culturelle (importance de l’art dans la guerre), de l’histoire des représentations et de l’histoire des imaginaires. Bien que le culte de l’officier héroïque soit maintenu (Saint-Arnaud en France, Gortchakov en Russie), les simples soldats trouvent leurs lettres de noblesse, comme en témoignent les nombreux monuments aux morts qui leur sont dédiés. De fait, la guerre de Crimée possède une
dimension mémorielle très forte, comme l’attestent ses retombées en matière de toponymie et sa place dans les références historiques de certains dirigeants politiques actuels.
Comité d’organisation
Marie-Pierre Rey (Université Panthéon-Sorbonne, SIRICE), Éric Anceau (Sorbonne Université, LabEx EHNE), Jean-François Figeac (Sorbonne Université, Centre d’histoire du XIXème siècle).
Conseil scientifique
Éric Anceau (Sorbonne Université, LabEx EHNE),
Yves Bruley (Ecole pratique des hautes études),
Walter Bruyère-Ostells (IEP d’Aix-en-Provence),
Lorraine de Meaux (Université Panthéon-Sorbonne),
Hervé Drévillon (Université Panthéon-Sorbonne, directeur de la recherche historique au SHD),
Anne-Laure Dupont (Sorbonne Université, Centre d’histoire du XIXème siècle),
Edhem Eldem (Collège de France, chaire d’histoire turque et ottomane),
Jean-François Figeac (Sorbonne Université, Centre d’histoire du XIXème siècle),
Orlando Figes (Birkbeck College de Londres),
Hubert Heyriès (Université Paul Valéry/ Montpellier III),
Catherine Horel (Université Panthéon-Sorbonne, SIRICE),
Jean-Noël Luc (Sorbonne Université, Centre d’histoire du XIXème siècle),
Silvia Marton (Université de Bucarest),
Nicolae Mihai (Université de Craiova),
Catherine Mayeur-Jaouen (Sorbonne Université, Centre d’histoire du XIXème siècle),
Marie-Pierre Rey (Université Panthéon-Sorbonne, SIRICE),
Odile Roynette (Université Bourgogne Franche-Comté),
Özgür Türesay (Ecole pratique des hautes études).
Centres de recherches
Centre d’histoire du XIXème siècle,
LabEx EHNE,
Centre de recherches en histoire des Slaves (UMR SIRICE).
Institutions partenaires : Fondation Napoléon, Service historique de la Défense.
Langues du colloque : Français / Anglais.