Agenda

Mai
28
lun
Les usages du parfum en Europe de l’époque romaine au XXe siècle
Mai 28 @ 19 h 00 min

Par Annick Le Guerer, anthropologue, historienne du parfum

Cycle de conférences : Histoire des usages vestimentaires en Europe de l’Antiquité romaine à nos jours

Cette Histoire comparée des normes vestimentaires entre les différentes parties de l’Europe siècle après siècle, abordera les spécificités du vêtement civil dans les principales aire géo culturelles du continent européen depuis l’habillement à Rome sous l’Empire jusqu’à l’habillement dominant en Europe à l’orée du XXIe siècle. Elle tentera de mettre en évidence les caractéristiques du vêtement propres à chaque époque, elle s’intéressera aux transformations majeures intervenues au fil du temps et à leurs causes, à l’économie du vêtement, à ses modes de diffusion à travers l’espace européen, et tentera de percevoir ce que le vêtement nous dit des modes de vie, des moeurs et des valeurs des sociétés qui l’ont porté.

Ce cycle ouvre le triptyque sur l’histoire culturelle de l’Europe que l’Association des Historiens vous propose de suivre: l’histoire de l’habitat puis l’histoire des pratiques alimentaires lui succèderont.

 

Bulletin d’inscription : inscription usages vestimentaires
Programme à télécharger : Programme usages vestimentaires

Juin
4
lun
Le Patrimoine Culturel de l’Europe @ 2018 Réexaminer un concept – redéfinir ses enjeux
Juin 4 @ 9 h 30 min

[The Programme and the original CfP/description in English is here]

Le Patrimoine Culturel de l’Europe @ 2018 – Réexaminer un concept – redéfinir ses enjeux

 

International Conference – Colloque international
Centre André Chastel, Sorbonne Université, Paris
Conception: Michael Falser, professeur invité
Organisation : Michael Falser, Dany Sandron, Elinor Myara Kelif
Avec le soutien du LabEx « Écrire une Histoire Nouvelle de l’Europe » et du Centre André Chastel
Avec l’appui de Leïla Vaughn et Réza Kettouche

Lundi 4 juin 2018 :

9h00 : Mot de bienvenue de Dany Sandron (responsable de l’axe 7 du LabEx EHNE) et d’Alexandre
Gady (directeur du Centre André Chastel)
Introduction par Michael Falser (professeur invité, Sorbonne Université)

PANEL I: European Art and Architecture: Transcultural Heritage?
Art et architecture en Europe: un patrimoine transculturel?
Président de séance : Pascal Liévaux (Direction générale des patrimoines, Ministère de la Culture)

9h30 : Sabine du Crest (Université Bordeaux-Montaigne)
Objets frontière d’une Europe sans frontière ?

9h55 : Elizabeth Mix (Butler University, Indianapolis)
Transcultural (re) appropriation and the (re) assessment of the « European » heritage in the works of Ni Haifeng, Yinka Shonibare etc.

10h20 : Discussion et pause

11h00 : Jean-Sébastien Cluzel (Sorbonne Université, Paris)
Architecture japonaise hors les murs et architecture japonisante: héritage transculturel ?

11h25 : Michael Falser (Sorbonne Université, Paris)
Angkor Wat – a transcultural history of heritage?

11h50 : Discussion et pause

Panel II: European Heritage: Contested Entities, Questioned Categories
Patrimoine européen: entités contestées, catégories interrogées
Président de séance : Dominique Poulot (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

14h00 : Arnold Bartetzky (Universität Leipzig)
Eastern Europe as a Challenge for Nation-based Heritage Concepts

14h25 : Sanja Horvatincic (Institute of Art History, Zagreb)
Ambiguities and misuses of the ‘Totalitarian Heritage’ Discourse in Post-Socialist Europe

14h50 : Discussion et pause

15h40 : Robert Parthesius (New York University Abu Dhabi, Leiden University)
Footprints of the European Expansion: Whose heritage is stamped in?

16h05 : Ulrike Schmieder (Leibniz Universität Hannover)
The Cultural Heritage of Europe@2018 and the legacy of slave trade and slavery

16h30 : Discussion et pause

18h30 : Keynote
Dan Hicks (Oxford University)
Heritage and Impermanence: Refugee Material Culture as European Heritage?
Respondant: Michael Falser (Professeur Invité, Sorbonne Université, Paris)

Mardi 5 juin 2018

Panel III: Contextualizing Europe: Objects, Places and Knowledge as Shared Heritage?
Contextualiser l’Europe: Objets, lieux et savoirs comme patrimoine partagé ?
Président de séance : Barthélémy Jobert (Sorbonne Université, Paris)

9h30 : Gabi Dolff-Bonekämper/Hafid Hamdi-Chérif (Technische Universität Berlin/Paris-Constantine)
Patrimoines et appartenances culturelles: De la Convention de Faro (2005) au Manifeste Européen pour la multiple affiliation culturelle (2007)

9h55 : Chiara de Cesari (Amsterdam University)
European Heritage and Cultural Racism

10h20 : Discussion et pause

11h00 : Andrea Burroni, Giovanna Carugno (University of Campania Luigi Vanvitelli)
Europe’s “cultural goods” and “national treasures”: Definitions, legislations, circulations

11h25 : Felicia Meynersen (Deutsches Archäologisches Institut, Berlin)
Historical depth and the European dimension. Cultural heritage data and its role in crisis archaeology

11h50 : Discussion et pause

Panel IV: European Heritage Rhetoric and Identity Politics Reconsidered
La rhétorique du patrimoine européen et les politiques identitaires reconsidérées
Président de séance : Jean-Baptiste Minnaert (Sorbonne Université, Paris)

14h00 : Viktorija Čeginskas, Sigrid Kaasik-Krogerus (University of Jyväskylä)
The geopolitics of Cultural Heritage: Two aspects of borders and the European Heritage Label

14h25 : Claire Bullen, Mark Ingram (Université Aix-Marseille, Goucher College)
The European Capitals of Culture Programme and the Mediterranean heritage-making in Marseille

14h50 : Discussion et pause

15h40 : Inês Quintanilha (NOVA Lisbon University)
House of European History in Brussels (2017): Musealising a European identity

16h05 : Alba Irollo (Europeana Foundation, The Hague)
Cultural Heritage and European Citizenship: The Challenges of 2018 (Euro-Barometer)

16h30 : Discussion

 

Contexte – Description

Le concept de patrimoine culturel actuellement accepté à l’échelle mondiale est souvent compris comme un produit de la modernité européenne et du dix-neuvième siècle, qui virent l’émergence d’États-nations avec leur fixation territoriale et la construction d’identités collectives. À la jonction de disciplines telles que l’histoire (de l’art), l’archéologie et l’architecture, des biens culturels et monuments furent identifiés, puis graduellement intégrés à des systèmes de protection de plus en plus institutionnalisés. Jusqu’au milieu du vingtième siècle, dans le contexte colonial, cette conception spécifique du patrimoine culturel fut exportée vers des contextes non européens, ensuite internationalisée dans la décennie ayant suivi la Seconde Guerre mondiale et, finalement, prise pour universelle.
Les points de vue postcoloniaux, postmodernes et pluriethniques ont légitimement remis en cause les prérogatives présupposées d’une culture dominante (Leitkultur) européenne. Ce n’est qu’assez récemment que les études critiques sur le patrimoine se sont attaquées aux implications contradictoires qu’a eues l’application de standards de plus en plus universels définissant ce qu’est le patrimoine culturel à des contextes très locaux, non européens et prétendument « traditionnels ». Cependant, un point de vue plus équilibré est nécessaire afin de réduire l’écart entre des conceptions « occidentales » et « non occidentales » que les études universitaires ont souvent tendance à essentialiser, dans le but de réactualiser les fondements conceptuels des notions de « patrimoine culturel » de l’Europe et en Europe.

– L’Année Européenne du Patrimoine Culturel 2018 : une campagne fondée sur des présupposés non remis en question?
C’est au pire de la crise d’identité européenne, marquée par le fiasco financier d’États-nations entiers, des affrontements armés et le renforcement des frontières en périphérie du continent devant l’afflux de réfugiés en provenance du Proche-Orient et du Global South, que le Conseil de l’Europe et les représentants du Parlement européen ont conclu un accord provisoire pour faire de 2018 l’Année Européenne du Patrimoine Culturel. Avec ses slogans affirmatifs tels que « Nous, Européens » et « notre patrimoine européen commun », cette campagne se propose de « sensibiliser à l’histoire et aux valeurs européennes et de renforcer un sentiment d’identité européenne » (communiqué de presse du Conseil de l’Europe du 9 février 2017). Cependant, cette campagne culturelle et politique risque de rater une occasion unique de réexaminer de façon critique la façon dont on peut conceptualiser la dimension « européenne » du patrimoine culturel dans notre monde interconnecté, car elle repose sur deux présupposés n’ayant fait l’objet d’aucun examen : la validité du statut territorial de l’Europe en tant qu’elle représente l’addition des frontières interconnectées de ses états membres et l’existence présumée d’une identité exprimée sous la forme d’un « nous » dans l’Union européenne.

– Le « patrimoine culturel européen » en 2018 : vers une approche globale et transculturelle
Le tournant vers le « global » et le « transculturel » dans les disciplines de l’histoire de l’art et de l’architecture et dans les études du patrimoine culturel nous aide à remettre en question la supposée fixité territoriale, esthétique et artistique de l’entité appelée « Europe », et plus spécifiquement les taxonomies, valeurs et modes d’explication qui ont été intégrés au cœur du concept de patrimoine culturel « européen » et pris comme universels.
En prenant en compte les récents processus d’accélération des échanges et de la circulation à l’échelle mondiale des biens, personnes et idées, ce colloque entend reconstituer ce que pourrait être l’« européen », ce concept traditionnel de l’analyse, en situant l’européen et le non européen dans une relation réciproque afin de dégager un cadre conceptuel plus ouvert et non hiérarchique. En mettant l’accent sur les biens culturels (artefacts), le patrimoine construit (des architectures individuelles, ensembles et sites aux villes entières et paysages culturels, etc.) et les formes de patrimonialisation dont ils font l’objet (des archives, musées et collections aux « réserves » culturelles), les contributions proposées dans le cadre de ce colloque aborderont les diverses formes que le « culturel » peut prendre dans le patrimoine : aux niveaux « social » (acteurs, parties prenantes, institutions, etc.), « intellectuel » (concepts, vocabulaire, théories, normes, catégories) ou encore, bien évidemment, au niveau « physique », avec ses stratégies manipulatoires (transferts et traductions, réutilisations et imitations, reproductions et substitutions, etc.).

– Réseau institutionnel et cadre scientifique, dates et échéances
Ce colloque international, tenu en français et en anglais, se déroulera du 4 au 5 Juin à l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dans le cadre du programme du laboratoire d’excellence (LabEx) « Écrire une Histoire Nouvelle de l’Europe » (EHNE) de l’université Paris-Sorbonne. L’un de ses sept axes thématiques, « Traditions nationales, circulations et identités dans l’art européen », servira de cadre à la manifestation.
Avec l’accent particulier mis sur la géographie, l’historiographie et le patrimoine culturel, le colloque offre l’opportunité aux historiens de l’art, suivant la problématique fondamentale du LabEx, de proposer à la fois des éléments d’explication et des réponses à la crise que traverse actuellement l’Europe. Le Centre André Chastel (laboratoire de recherche en histoire de l’art sous la tutelle du Centre national de la recherche scientifique/CNRS, de l’université de la Sorbonne et du ministère de la Culture) est coresponsable du colloque. Enfin, celle-ci est intégrée à l’Observatoire des patrimoines (OPUS) des universités de la Sorbonne.
Ce colloque est conçu par Michael Falser, professeur invité à l’université Paris-Sorbonne enseignant l’histoire de l’architecture et les études du patrimoine culturel, en collaboration avec Dany Sandron, professeur d’histoire de l’art à l’université Paris-Sorbonne, responsable de l’axe 7 du LabEx EHNE, Centre André Chastel.

 

Contact :
Elinor Myara Kelif (practical information)
elinorkelif@gmail.com
Leïla Vaughn (practical information)
mediation.centre.chastel@gmail.com
Michael Falser (scientific concept)
falser@asia-europe.uni- heidelberg.de

Informations pratiques :
Lieu : Galerie Colbert, INHA (Institut national d’Histoire de l’Art) Salle Vasari (1er étage)
Accès : 6 rue des Petits Champs, 75002 Paris / 2 rue Vivienne, 75002 Paris
Métro : Bourse, Pyramides ou Palais Royal-Musée du Louvre
Entrée libre sous réserve de places disponibles (réservation : mediation.centre.chastel@gmail.com)

 

Programme à télécharger : cultural heritage programme

Europe in a soundbite : Arrêter la guerre. Armistices, capitulations et cessez-le-feu en Europe (fin XIXe-fin XXe siècle)
Juin 4 @ 17 h 50 min

Europe in a soundbite : Arrêter la guerre. Armistices, capitulations et cessez-le feu en Europe, capsule réalisée par Simon Perego à partir de la notice EHNE d’Isabelle Davion

Diffusé sur Euradionantes 101.3 fm ou sur le site d’Euradionantes, puis disponibles en podcasts sur le site du LIPE et depuis les notices EHNE correspondantes.

Juin
5
mar
Le Patrimoine Culturel de l’Europe @ 2018 Réexaminer un concept – redéfinir ses enjeux
Juin 5 @ 9 h 30 min

[The Programme and the original CfP/description in English is here]

Le Patrimoine Culturel de l’Europe @ 2018 – Réexaminer un concept – redéfinir ses enjeux

 

International Conference – Colloque international
Centre André Chastel, Sorbonne Université, Paris
Conception: Michael Falser, professeur invité
Organisation : Michael Falser, Dany Sandron, Elinor Myara Kelif
Avec le soutien du LabEx « Écrire une Histoire Nouvelle de l’Europe » et du Centre André Chastel
Avec l’appui de Leïla Vaughn et Réza Kettouche

Lundi 4 juin 2018 :

9h00 : Mot de bienvenue de Dany Sandron (responsable de l’axe 7 du LabEx EHNE) et d’Alexandre
Gady (directeur du Centre André Chastel)
Introduction par Michael Falser (professeur invité, Sorbonne Université)

PANEL I: European Art and Architecture: Transcultural Heritage?
Art et architecture en Europe: un patrimoine transculturel?
Président de séance : Pascal Liévaux (Direction générale des patrimoines, Ministère de la Culture)

9h30 : Sabine du Crest (Université Bordeaux-Montaigne)
Objets frontière d’une Europe sans frontière ?

9h55 : Elizabeth Mix (Butler University, Indianapolis)
Transcultural (re) appropriation and the (re) assessment of the « European » heritage in the works of Ni Haifeng, Yinka Shonibare etc.

10h20 : Discussion et pause

11h00 : Jean-Sébastien Cluzel (Sorbonne Université, Paris)
Architecture japonaise hors les murs et architecture japonisante: héritage transculturel ?

11h25 : Michael Falser (Sorbonne Université, Paris)
Angkor Wat – a transcultural history of heritage?

11h50 : Discussion et pause

Panel II: European Heritage: Contested Entities, Questioned Categories
Patrimoine européen: entités contestées, catégories interrogées
Président de séance : Dominique Poulot (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

14h00 : Arnold Bartetzky (Universität Leipzig)
Eastern Europe as a Challenge for Nation-based Heritage Concepts

14h25 : Sanja Horvatincic (Institute of Art History, Zagreb)
Ambiguities and misuses of the ‘Totalitarian Heritage’ Discourse in Post-Socialist Europe

14h50 : Discussion et pause

15h40 : Robert Parthesius (New York University Abu Dhabi, Leiden University)
Footprints of the European Expansion: Whose heritage is stamped in?

16h05 : Ulrike Schmieder (Leibniz Universität Hannover)
The Cultural Heritage of Europe@2018 and the legacy of slave trade and slavery

16h30 : Discussion et pause

18h30 : Keynote
Dan Hicks (Oxford University)
Heritage and Impermanence: Refugee Material Culture as European Heritage?
Respondant: Michael Falser (Professeur Invité, Sorbonne Université, Paris)

Mardi 5 juin 2018

Panel III: Contextualizing Europe: Objects, Places and Knowledge as Shared Heritage?
Contextualiser l’Europe: Objets, lieux et savoirs comme patrimoine partagé ?
Président de séance : Barthélémy Jobert (Sorbonne Université, Paris)

9h30 : Gabi Dolff-Bonekämper/Hafid Hamdi-Chérif (Technische Universität Berlin/Paris-Constantine)
Patrimoines et appartenances culturelles: De la Convention de Faro (2005) au Manifeste Européen pour la multiple affiliation culturelle (2007)

9h55 : Chiara de Cesari (Amsterdam University)
European Heritage and Cultural Racism

10h20 : Discussion et pause

11h00 : Andrea Burroni, Giovanna Carugno (University of Campania Luigi Vanvitelli)
Europe’s “cultural goods” and “national treasures”: Definitions, legislations, circulations

11h25 : Felicia Meynersen (Deutsches Archäologisches Institut, Berlin)
Historical depth and the European dimension. Cultural heritage data and its role in crisis archaeology

11h50 : Discussion et pause

Panel IV: European Heritage Rhetoric and Identity Politics Reconsidered
La rhétorique du patrimoine européen et les politiques identitaires reconsidérées
Président de séance : Jean-Baptiste Minnaert (Sorbonne Université, Paris)

14h00 : Viktorija Čeginskas, Sigrid Kaasik-Krogerus (University of Jyväskylä)
The geopolitics of Cultural Heritage: Two aspects of borders and the European Heritage Label

14h25 : Claire Bullen, Mark Ingram (Université Aix-Marseille, Goucher College)
The European Capitals of Culture Programme and the Mediterranean heritage-making in Marseille

14h50 : Discussion et pause

15h40 : Inês Quintanilha (NOVA Lisbon University)
House of European History in Brussels (2017): Musealising a European identity

16h05 : Alba Irollo (Europeana Foundation, The Hague)
Cultural Heritage and European Citizenship: The Challenges of 2018 (Euro-Barometer)

16h30 : Discussion

 

Contexte – Description

Le concept de patrimoine culturel actuellement accepté à l’échelle mondiale est souvent compris comme un produit de la modernité européenne et du dix-neuvième siècle, qui virent l’émergence d’États-nations avec leur fixation territoriale et la construction d’identités collectives. À la jonction de disciplines telles que l’histoire (de l’art), l’archéologie et l’architecture, des biens culturels et monuments furent identifiés, puis graduellement intégrés à des systèmes de protection de plus en plus institutionnalisés. Jusqu’au milieu du vingtième siècle, dans le contexte colonial, cette conception spécifique du patrimoine culturel fut exportée vers des contextes non européens, ensuite internationalisée dans la décennie ayant suivi la Seconde Guerre mondiale et, finalement, prise pour universelle.
Les points de vue postcoloniaux, postmodernes et pluriethniques ont légitimement remis en cause les prérogatives présupposées d’une culture dominante (Leitkultur) européenne. Ce n’est qu’assez récemment que les études critiques sur le patrimoine se sont attaquées aux implications contradictoires qu’a eues l’application de standards de plus en plus universels définissant ce qu’est le patrimoine culturel à des contextes très locaux, non européens et prétendument « traditionnels ». Cependant, un point de vue plus équilibré est nécessaire afin de réduire l’écart entre des conceptions « occidentales » et « non occidentales » que les études universitaires ont souvent tendance à essentialiser, dans le but de réactualiser les fondements conceptuels des notions de « patrimoine culturel » de l’Europe et en Europe.

– L’Année Européenne du Patrimoine Culturel 2018 : une campagne fondée sur des présupposés non remis en question?
C’est au pire de la crise d’identité européenne, marquée par le fiasco financier d’États-nations entiers, des affrontements armés et le renforcement des frontières en périphérie du continent devant l’afflux de réfugiés en provenance du Proche-Orient et du Global South, que le Conseil de l’Europe et les représentants du Parlement européen ont conclu un accord provisoire pour faire de 2018 l’Année Européenne du Patrimoine Culturel. Avec ses slogans affirmatifs tels que « Nous, Européens » et « notre patrimoine européen commun », cette campagne se propose de « sensibiliser à l’histoire et aux valeurs européennes et de renforcer un sentiment d’identité européenne » (communiqué de presse du Conseil de l’Europe du 9 février 2017). Cependant, cette campagne culturelle et politique risque de rater une occasion unique de réexaminer de façon critique la façon dont on peut conceptualiser la dimension « européenne » du patrimoine culturel dans notre monde interconnecté, car elle repose sur deux présupposés n’ayant fait l’objet d’aucun examen : la validité du statut territorial de l’Europe en tant qu’elle représente l’addition des frontières interconnectées de ses états membres et l’existence présumée d’une identité exprimée sous la forme d’un « nous » dans l’Union européenne.

– Le « patrimoine culturel européen » en 2018 : vers une approche globale et transculturelle
Le tournant vers le « global » et le « transculturel » dans les disciplines de l’histoire de l’art et de l’architecture et dans les études du patrimoine culturel nous aide à remettre en question la supposée fixité territoriale, esthétique et artistique de l’entité appelée « Europe », et plus spécifiquement les taxonomies, valeurs et modes d’explication qui ont été intégrés au cœur du concept de patrimoine culturel « européen » et pris comme universels.
En prenant en compte les récents processus d’accélération des échanges et de la circulation à l’échelle mondiale des biens, personnes et idées, ce colloque entend reconstituer ce que pourrait être l’« européen », ce concept traditionnel de l’analyse, en situant l’européen et le non européen dans une relation réciproque afin de dégager un cadre conceptuel plus ouvert et non hiérarchique. En mettant l’accent sur les biens culturels (artefacts), le patrimoine construit (des architectures individuelles, ensembles et sites aux villes entières et paysages culturels, etc.) et les formes de patrimonialisation dont ils font l’objet (des archives, musées et collections aux « réserves » culturelles), les contributions proposées dans le cadre de ce colloque aborderont les diverses formes que le « culturel » peut prendre dans le patrimoine : aux niveaux « social » (acteurs, parties prenantes, institutions, etc.), « intellectuel » (concepts, vocabulaire, théories, normes, catégories) ou encore, bien évidemment, au niveau « physique », avec ses stratégies manipulatoires (transferts et traductions, réutilisations et imitations, reproductions et substitutions, etc.).

– Réseau institutionnel et cadre scientifique, dates et échéances
Ce colloque international, tenu en français et en anglais, se déroulera du 4 au 5 Juin à l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dans le cadre du programme du laboratoire d’excellence (LabEx) « Écrire une Histoire Nouvelle de l’Europe » (EHNE) de l’université Paris-Sorbonne. L’un de ses sept axes thématiques, « Traditions nationales, circulations et identités dans l’art européen », servira de cadre à la manifestation.
Avec l’accent particulier mis sur la géographie, l’historiographie et le patrimoine culturel, le colloque offre l’opportunité aux historiens de l’art, suivant la problématique fondamentale du LabEx, de proposer à la fois des éléments d’explication et des réponses à la crise que traverse actuellement l’Europe. Le Centre André Chastel (laboratoire de recherche en histoire de l’art sous la tutelle du Centre national de la recherche scientifique/CNRS, de l’université de la Sorbonne et du ministère de la Culture) est coresponsable du colloque. Enfin, celle-ci est intégrée à l’Observatoire des patrimoines (OPUS) des universités de la Sorbonne.
Ce colloque est conçu par Michael Falser, professeur invité à l’université Paris-Sorbonne enseignant l’histoire de l’architecture et les études du patrimoine culturel, en collaboration avec Dany Sandron, professeur d’histoire de l’art à l’université Paris-Sorbonne, responsable de l’axe 7 du LabEx EHNE, Centre André Chastel.

 

Contact :
Elinor Myara Kelif (practical information)
elinorkelif@gmail.com
Leïla Vaughn (practical information)
mediation.centre.chastel@gmail.com
Michael Falser (scientific concept)
falser@asia-europe.uni- heidelberg.de

Informations pratiques :
Lieu : Galerie Colbert, INHA (Institut national d’Histoire de l’Art) Salle Vasari (1er étage)
Accès : 6 rue des Petits Champs, 75002 Paris / 2 rue Vivienne, 75002 Paris
Métro : Bourse, Pyramides ou Palais Royal-Musée du Louvre
Entrée libre sous réserve de places disponibles (réservation : mediation.centre.chastel@gmail.com)

 

Programme à télécharger : cultural heritage programme

Juin
11
lun
Europe in a soundbite : Le siège de Leningrad 1941-1944
Juin 11 @ 17 h 50 min

Europe in a soundbite : Le siège de Leningrad 1941-1944, capsule réalisée par Simon Perego à partir de la notice EHNE de François-Xavier Nérard

Diffusé sur Euradionantes 101.3 fm ou sur le site d’Euradionantes, puis disponibles en podcasts sur le site du LIPE et depuis les notices EHNE correspondantes.

Juin
14
jeu
La normalité de l’exception dans la politique du XVe siècle
Juin 14 @ 18 h 00 min

Conférence de Petra Schulte (université de Trèves) sur « La normalité de l’exception dans la politique du XVe siècle » avec un commentaire de Vanessa Codaccioni (université Paris 8), organisée dans le cadre de « Les jeudis de l’Institut historique allemand »

Conférence en allemand avec interprétation simultanée à l’IHA, organisée en coopération avec le LabEx EHNE.

Dans les travaux d’histoire moderne et contemporaine, on trouve souvent l’idée que la construction de la notion d’état d’urgence a été liée à celle de l’État constitutionnel moderne et n’existait pas avant le XVIIIe siècle. Le Moyen Âge cependant, connaissait bien le concept de la nécessité qui se trouvait à l’intersection des réflexions théologico-philosophiques, rhétoriques et juridiques sur la manière de maîtriser les phénomènes disruptifs. Qu’une situation imprévisible intervienne mettant en cause l’équilibre existant, la nécessité autorisait sa maîtrise et légitimait une suspension temporaire de la norme.
La conférence est l’occasion de suivre la manière dont la nécessité est discutée dans le contexte politique du XVe siècle, ses abus condamnés. Parallèlement, elle abordera la question de l’élargissement de l’horizon de la notion de nécessité: en dehors de l’état d’urgence, elle caractérisait en effet de plus en plus l’exception permanente, et, dans une acception purement pragmatique, la lutte quotidienne pour la conservation politique de la collectivité.

Information et réservation: event@dhi-paris.fr

Juin
18
lun
Europe in a soundbite : La diffusion des formes artistiques: des moments privilégiés (1200, 1300 et 1400)
Juin 18 @ 17 h 50 min

Europe in a soundbite : La diffusion des formes artistiques: des moments privilégiés (1200, 1300 et 1400), capsule réalisée par Sabine Berger à partir de sa notice EHNE

Diffusé sur Euradionantes 101.3 fm ou sur le site d’Euradionantes, puis disponibles en podcasts sur le site du LIPE et depuis les notices EHNE correspondantes.

Juin
25
lun
Europe in a soundbite : Les origines de l’aérostat, années 1780
Juin 25 @ 17 h 50 min

Europe in a soundbite : Les origines de l’aérostat, années 1780, capsule réalisée par  Laurence Roche Nye à partir de la notice de Reynald Abad.

Diffusé sur Euradionantes 101.3 fm ou sur le site d’Euradionantes, puis disponibles en podcasts sur le site du LIPE et depuis les notices EHNE correspondantes.

Juil
2
lun
Europe in a soundbite : Réseau de gaz naturel européen, les négociations entre la Suède et l’Union soviétique
Juil 2 @ 17 h 50 min

Europe in a soundbite : Réseau de gaz naturel européen, les négociations entre la Suède et l’Union soviétique, capusle réalisée par Laurence Roche Nye à partir de la notice de Anna Åberg.

Diffusé sur Euradionantes 101.3 fm ou sur le site d’Euradionantes, puis disponibles en podcasts sur le site du LIPE et depuis les notices EHNE correspondantes.

Avr
8
lun
Les juives et la création d’un chez soi diasporique en temps de crise : Paris et Berlin au XXe siècle
Avr 8 @ 16 h 00 min – 18 h 00 min

Conférence de Léora Auslander (Chicago University)

« Les juives et la création d’un chez soi diasporique en temps de crise : Paris et Berlin au XXe siècle »

Discussion : Florence Rochefort (CNRS)