Faire face aux conditions météorologiques en temps de guerre en Europe aux XIXe et XXe siècles

Couverture de La bataille dans les neiges, bref récit écrit par A. Norec pour la collection « Patrie » en 1917 et mettant en avant la « guerra bianca » sur le front italien pendant la Grande Guerre et les difficultés propres à ce front (collection P.-L. Buzzi).
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Les conditions météorologiques sont souvent décisives en temps de guerre. Au vie siècle avant Jésus-Christ, Sun Tzu insistait déjà dans son Art de la guerre sur le rôle joué par les dispositions atmosphériques. Celles-ci ont en effet des répercussions aussi bien sur la santé et le moral des troupes que sur le déroulement des opérations militaires, conduisant les hommes et leurs chefs à s’équiper et à anticiper. Les conflits dans l’Europe contemporaine confirment cette importance de la météo, dans leur déroulement ainsi que dans la prise en compte croissante de ce facteur au sein des états-majors.

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Chaire d’excellence : Raphaëlle Ruppen-Coutaz

Raphaëlle Ruppen-Coutaz sera professeur invitée du LabEx EHNE à partir de cet été 2019.

Spécialisée dans le domaine des relations culturelles internationales, Raphaëlle Ruppen Coutaz est l’auteure d’une thèse de doctorat sur le rayonnement de la Suisse à l’étranger par les ondes dont la version remaniée a été publiée, en 2016, chez Alphil-Presses universitaires suisses sous le titre La voix de la Suisse à l’étranger. Radio et relations culturelles internationales (1932-1949) (téléchargement libre). Maître assistante à la section d’histoire de l’Université de Lausanne, elle bénéfice actuellement d’un congé scientifique pour réaliser une recherche postdoctorale financée par le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS) et consacrée aux réseaux éducatifs pro-européens dans les années 1950 et 1960. Chercheuse invitée au Département d’histoire et de civilisation de l’Institut Universitaire Européen (EUI) de Florence depuis septembre 2018, elle rejoindra le LabEx EHNE à partir du mois d’août 2019 pour une année.

Sa recherche, qui prend comme point de départ l’Association européenne des enseignants (AEDE) et ses activités, se concentre autour de trois axes principaux. Premièrement, il s’agit de situer cette Association dans le contexte des mouvements pro-européens et de mesurer ses particularités. Fondée le 8 juillet 1956 à Paris suite à un congrès organisé par le Groupement universitaire du Mouvement Fédéraliste européen, l’AEDE a pour but de réfléchir aux moyens d’« européaniser » l’enseignement et par là même, les citoyens en s’intéressant particulièrement aux degrés primaire et secondaire. La formule d’une association professionnelle – la première organisée directement sur le plan européen –, indépendante politiquement et non confessionnelle, paraît être le meilleur moyen de réunir le plus grand nombre d’adhérents et de maintenir l’Association à l’écart des luttes animant les divers mouvements européistes qui fleurissent dans l’après-guerre. Une dizaine d’années après sa fondation, l’AEDE compte 30’000 membres répartis en douze sections nationales, toutes sises à l’Ouest. Quel effet le caractère professionnel d’une association a-t-il sur la forme que prend le militantisme ?

Deuxièmement, il s’agit de mesurer l’impact des initiatives entreprises par l’AEDE sur le milieu scolaire et plus généralement le poids du lobby pro-européen sur les révisions qui touchent l’enseignement dans les années 1950. Que se passe-t-il concrètement sur le terrain ? Quelle influence cette association professionnelle de militants a-t-elle au niveau national et local ? Les moyens mis en œuvre par l’AEDE pour atteindre ses objectifs vont de l’organisation de congrès et de stages internationaux destinés aux enseignants à la mise sur pied d’appariements scolaires et à la participation active à la Journée Européenne des Ecoles, en passant par la production de supports pédagogiques comme le Guide européen de l’enseignant, publié en 1958 avec la collaboration du Centre européen de la culture. L’AEDE est aussi à l’origine de plusieurs revues, comme Europäische Erziehung ou L’Ecole suisse et l’Europe.

Troisièmement, il s’agit de s’intéresser aux réseaux de l’AEDE et de ses membres, hors du cadre strictement européen, en se concentrant particulièrement sur leurs liens avec l’UNESCO et des organisations atlantistes comme Fraternité mondiale (World Brotherhood) et le Comité d’éducation de l’Association du Traité de l’Atlantique. Dans quelle mesure d’autres influences s’exercent-elles sur le projet conduit par l’AEDE, comme l’internationalisme libéral ou l’anticommunisme ? En croisant plusieurs approches (histoire des mouvements européens, de l’éducation et des organisations internationales) et en articulant les échelles d’analyse (supranationale, internationale, nationale et locale), ce projet de recherche permet de mettre au jour des acteurs, des pratiques et des réseaux d’influence largement ignorés par l’historiographie.

Outre sa participation à l’Encyclopédie autour d’une notice structurante portant le titre de travail « L’Europe et l’école », Raphaëlle Ruppen Coutaz est très intéressée à nouer de nouveaux contacts avec des chercheuses et des chercheurs proches de son champ d’études et à intervenir dans le cadre de séminaires. N’hésitez pas à prendre contact ! Voici son courriel : raphaelle.ruppencoutaz@unil.ch

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Appel à contributions : colloque « La réconciliation entre oubli et mémoire »

La réconciliation entre oubli et mémoire : histoire d’un concept mouvant (Europe : XIXe et premier XXe siècles) Colloque international et interdisciplinaire Date : 20–22 novembre 2019 Lieu : Institut historique allemand, 8 rue du Parc royal, 75003 Paris Organisateurs : Institut historique allemand Paris ; LabEx EHNE – Écrire une histoire nouvelle de l’Europe ; UMR Sirice ; Université de Lorraine/CEGIL Partenaires : Institut historique allemand Varsovie ; Institut Leibniz d’histoire européenne, Mayence Conseil scientifique : Joachim Berger, Anne Couderc, Corine Defrance, Jürgen Finger, Gintarė Malinauskaitė, Ulrich Pfeil Date limite : 30 avril 2019 Appel à contributions Depuis la fin du XXe siècle, la « réconciliation » est conçue comme un « horizon d’attente » généralisé : la paix semble ne pas suffire et, parfois sous la pression d’un certain nombre d’acteurs officiels ou sociétaux, nationaux ou internationaux, sociétés et États en sortie de guerre s’engagent dans la voie de la « réconciliation ». Des experts établissent des catalogues de bonnes pratiques qui conduisent à normer les processus. L’usage du terme de « réconciliation » est inflationniste dans le discours contemporain, à tel point que des observateurs dénoncent le « kitch de la réconciliation » (Klaus Bachmann). Aujourd’hui, cette attente ou exigence de réconciliation est largement fondée sur la mémoire et le refus de l’oubli, sur l’aveu des crimes et la reconnaissance des victimes, parfois sur le pardon. Elle est le reflet d’une époque et paraît aux antipodes de la conception antique de la damnatio memoriae misant sur l’oubli guérisseur. C’est cette historicité des conceptions de la réconciliation – et non les pratiques de rapprochement après les conflits – que ce colloque se propose d’analyser dans différentes perspectives pour le XIXe et premier XXe siècle. Nous nous inscrivons dans une double approche sémantique et symbolique du langage de la réconciliation. Autrement dit, quels sont les mots, les gestes, les références, les images employés tant dans la langue diplomatique et juridique que politique, sociétale ou artistique ? A partir de différents types de source, il s’agira de saisir la pluralité des conceptions et représentations de la « réconciliation » ainsi que les différents acteurs ou milieux qui les portent. Notre perspective permettra d’approfondir les travaux portant d’une part sur l’histoire culturelle du politique et des relations internationales et d’autre part sur l’histoire sociale des concepts. L’objectif du colloque est de prolonger vers l’amont les travaux déjà nombreux sur la réconciliation en Europe après 1945 en mettant l’accent sur l’usage et les mutations du concept. Les contributions porteront principalement sur le XIXe siècle et le premier XXe siècle, en partant de la référence que constituent les traités de Westphalie et la riche recherche sur la diplomatie, la paix et ses représentations à l’âge moderne. Elles interrogeront l’articulation sémantique et conceptuelle entre « paix », « amitié » « réconciliation » et d’autres notions voisines. Nous prendrons essentiellement en compte les conflits interétatiques, mais aussi les conflits internes aux Empires (coloniaux ou non) ou liés à la dislocation des Empires, et aussi les guerres civiles qui interrogent les relations entre États et nations. Dans quelle mesure l’idée que la paix nécessite l’oubli ou le silence pour étouffer les velléités de revanche ou de vengeance impacte-t-elle encore les conceptions politiques et diplomatiques du XIXe siècle ? On cherchera notamment à repérer à quel moment se produit le basculement entre des traités de « paix et de réconciliation » ou « de paix et d’amitié » et des traités de paix sans réconciliation voire des traités désignant des responsables ou même des coupables. Les sociétés ont-elles partagé ces orientations ? On examinera le rôle des organisations nationales ou internationales pour promouvoir d’autres conceptions de la paix. On s’interrogera notamment sur la concomitance de l’usage du terme de « réconciliation » par les milieux pacifistes, féministes et confessionnels et le développement d’une première diplomatie humanitaire. Provisoirement interrompues par la Première Guerre mondiale, les initiatives pour la paix, la réconciliation ou le désarmement moral s’épanouissent dans les années 1920 à différentes échelles. Dans quelle mesure l’exigence de réconciliation et le concept lui-même sortent-ils  transformés de la guerre ? A la charnière des années 1920 et 1930 se produit un autre tournant majeur. La notion de « réconciliation » fait l’objet d’appropriation par les milieux fascistes dans leur lutte contre le bolchevisme puis par les artisans de la collaboration dans l’ensemble de l’Europe occupée. Comment les notions de réconciliation et de collaboration s’articulent-elles ? Enfin sera analysé le refoulement momentané du terme de « réconciliation » après 1945, en raison de ses échecs voire de son discrédit. Quels sont alors les milieux qui ont œuvré à la réémergence progressive de la notion ? On interrogera le sens du concept : la réconciliation a-t-elle pour but de préparer l’avenir en se détournant du passé ou bien d’affronter ensemble le passé pour construire l’avenir ? Afin de répondre à ces questions, le terme de la période d’étude est placé dans les années 1950 voire au seuil des années 1960. Cette manifestation vise à réunir non seulement des historiennes et historiens, mais aussi des chercheur.e.s en droit, sciences politiques, littérature, histoire de l’art, théologie ou encore humanités numériques. L’approche interdisciplinaire et le croisement des aires de spécialité permettra de soulever la  question de la chronologie de la « réconciliation » aux XIXe et XXe siècles. Cet appel s’adresse en priorité aux jeunes chercheur.e.s. Les réponses à l’appel à communication sont à envoyer à Jürgen Finger (JFinger@dhi-paris.fr) avant le 30 avril 2019. Les candidats transmettront une proposition de titre accompagné d’un résumé de 2 500 signes (en allemand, français ou anglais), ainsi qu’une brève notice bio-bibliographique. Les langues de travail seront l’allemand, le français et l’anglais. Corine Defrance, Jürgen Finger, Ulrich Pfeil Facebooktwitterpinterestlinkedintumblrmail

Histoire de la paternité aux XIXe et XXe siècles

Frederick W. W. Howell, « Þórður Guðjohnsen with his children », Húsavík (Islande), vers 1900.
Photographie issue de la série « Fathers and Children » de B. Krishtul, 1969, RIA Novosti archive, image #684534. Source : Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File%3ARIAN_archive_684534_Photo_work_from_series_of_photographs_%E2%80%9CFathers_and_Children%E2%80%9D_by_B._Krishtul.jpg
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Du pater familias tout-puissant aux « nouveaux pères » impliqués, présents auprès de leurs enfants : voilà la transformation majeure de la paternité en Europe aux xixe et xxe siècles. Au nom de l’intérêt de l’enfant, l’État commence à concurrencer les pères et à affaiblir leur position. La séparation du lieu de domicile et de travail sous l’effet de l’industrialisation et l’apparition d’une vision romantique de la maternité contribuent à éloigner les pères de la sphère familiale. Il faut attendre les années 1960 et 1970 pour qu’un nouveau type de père s’affirme, dans un contexte marqué par le mouvement féministe et le déclin du modèle « militaro-viril ». La paternité est réexaminée sous le signe de l’égalité, comme l’atteste le remplacement de l’autorité paternelle par l’autorité parentale ou l’introduction du congé de paternité. Finalement, des phénomènes comme la paternité gay et la monoparentalité masculine montrent que la pluralisation des formes familiales touche également les pères.

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L’Europe, matrice du terrorisme contemporain ?

Attentat de la rue Saint-Nicaise contre Napoléon Bonaparte le 24 décembre 1800 (estampe, auteur inconnu). © BnF.
Attentat contre le tsar Alexandre II le 1er mars 1881 (auteur inconnu). Source : https://marjinalis.livejournal.com/10867.html
L’attentat de la gare de Bologne, le 2 août 1980.  Une du journal Il Resto del Carlino, édition extraordinaire du 2 août 1980.
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Fortement médiatisé, le phénomène terroriste pèse lourd dans l’histoire de l’Europe contemporaine, mais reste difficile à appréhender. Il ne répond en effet à aucune définition satisfaisante. Éparpillé entre divers groupes, tributaire des idéologies les plus variées, il ne saurait se réduire à une succession d’attentats, de revendications et de procès. Il est donc nécessaire de le replacer dans un contexte et une dynamique plus larges, en observant les liens qui se tissent entre les différents mouvements, et en esquissant une généalogie du phénomène. Le terrorisme émerge dans l’Europe du xixe siècle. La France du Consulat inaugure cette violence d’un nouveau genre, qui s’importe en Russie où elle est théorisée par les nihilistes, et gagne l’Europe entière. L’anti-terrorisme, fondé sur des lois d’exceptions, apparaît de manière presque concomitante. L’État, qu’il soit colonial, dictatorial, révolutionnaire, totalitaire, a pu être amené à ériger la terreur en instrument de gouvernement. Le terrorisme s’affirme ainsi comme un instrument politique au service de l’État comme de ses opposants.

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Europe des extrêmes droites (L')

Tract électoral du Movimento Sociale Italiano, 1975.
Des militants d’extrême droite identitaires autrichiens lors d’une manifestation anti-migrants à Vienne. Source : Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Demonstration_against_Morten_Kj%C3%A6rum_in_Vienna.jpg
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Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les extrêmes droites, exsangues et discréditées, peinent à constituer des réseaux pérennes de solidarité. Ce n’est vraiment qu’à partir des années 1960 que le combat nationaliste est envisagé à l’échelle européenne, pour dénoncer à la fois l’« Europe de Yalta » reléguée derrière les puissances américaine et soviétique, et l’Europe du Marché commun qui dévalue le rempart nationaliste contre la subversion marxiste. Les groupes et partis d’extrême droite multiplient les contacts et rencontres informelles, et dès les années 1970 sont établies des listes communes pour les élections européennes. Les tentatives pour créer un groupe au Parlement européen prennent fin au début des années 1990, alors qu’émergent de nouveaux acteurs. Ces formations mobilisent l’électorat d’extrême droite autour des thèmes de l’immigration, du multiculturalisme et surtout, depuis les années 2000, de l’Islam. La rencontre des leaders de l’extrême droite européenne à Milan, en 2016, renverse d’ailleurs la stratégie de « normalisation » à laquelle aspiraient les principaux partis d’extrême droite européens.

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Jazz en Europe (Le)

L’orchestre militaire de James Reese Europe jouant pour les blessés soignés dans l’hôpital auxiliaire provisoire sis au 9 rue des Batignolles dans le 17e arrondissement, 1918. @ Bibliothèque du Congrès.
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Apparu récemment (autour de 1900), le jazz relève à l’origine d’un territoire (celui des États-Unis) et d’une communauté (les Afro-Américains). Il s’est néanmoins très rapidement diffusé dans le monde, au cours de migrations culturelles qui doivent être examinées, pour déterminer notamment si l’Europe a été une véritable terre d’accueil pour le jazz, s’il y a été adopté sans changement, s’il y a pris naissance de façon plus ou moins autonome, ou s’il s’est adapté aux conditions locales et peut-être même à cette occasion transformé.

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