
L’invention d’appareils photographiques portables permet au soldat de photographier sa guerre dès la fin du xixe siècle mais les usages privés de l’image par le combattant posent rapidement des difficultés aux armées et aux États européens. Ils cohabitent avec les représentations officielles et publiques de la guerre qu’ils consolident, complètent ou parfois subvertissent. En Europe, la Première Guerre mondiale est le lieu d’une première utilisation de masse des appareils portables par des soldats. Loin des codes traditionnels de la représentation du combat et des récits homogènes de la communication officielle, des milliers d’images enregistrent alors une expérience à hauteur d’homme. L’imagerie de la guerre s’en trouve modifiée pour les décennies à venir. Dans un rapport toujours instable avec la photographie professionnelle, la photographie amateure pratiquée par le soldat participe ainsi à la fabrique de l’imagerie contemporaine du combat en Europe, au point de devenir dans les dernières décennies un mode de visualisation privilégié de la guerre.





