

Tandis qu’au Moyen Âge, le censor était celui qui relisait et corrigeait le travail des moines copistes, à l’époque moderne, le terme renvoie à l’exercice par un pouvoir (politique, administratif, religieux, etc.) du droit de contrôler, et le cas échéant d’entraver ou d’interdire, la communication d’écrits au public. L’initiative revient aux autorités religieuses qui, dès la fin du xve siècle, tentent de vérifier, avant publication, l’orthodoxie des ouvrages qui commencent alors à s’imprimer. Les États interviennent ensuite pour empêcher les contrefaçons et protéger les imprimeurs. Dès le xvie siècle, les privilèges ne servent donc plus seulement à accorder à un éditeur le monopole d’un texte pendant une période donnée, mais aussi à encadrer les normes de production et à en vérifier le contenu. La censure renvoie ainsi à un système de contrôle complexe, fondé sur une double tension entre administration et justice d’une part, police et commerce d’autre part. C’est seulement à la fin de l’Ancien Régime que les autorités réussissent à appliquer une réglementation relativement homogène et efficace, en réduisant, paradoxalement, l’attribution des privilèges.





