De la castration thérapeutique à la vasectomie contraceptive

Photographies avant et après l’opération de Steinach.  Peter Schmidt, Conquest of Old Age, Londres, Routledge, 1931.
Brochure en faveur de la stérilisation masculine : Vasectomie. Amour sans conséquences. Une réalité à conseiller à tous, Valence, Solidaridad obrera, 1933.
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Après la disparition des castrats des scènes lyriques, la castration ne demeure en Europe au tournant du xxe siècle qu’une thérapeutique abhorrée ou un acte rituel marginal. Mais dans l’entre-deux-guerres, différents usages de la vasectomie sont expérimentés et se développent dans le champ médical. Dans les années 1920, l’Autrichien Steinach en fait une célèbre technique de rajeunissement du corps masculin. En parallèle, la vasectomie est employée à partir de 1928 en application de lois eugénistes qui prétendent régénérer le corps social. Au même moment, l’opération est pratiquée de manière discrète et même clandestine dans un certain nombre de pays européens en tant que méthode anticonceptionnelle. Tandis que seul ce dernier usage perdure après la Seconde Guerre mondiale, la lenteur de la légalisation et de la diffusion de la stérilisation masculine volontaire dans certains pays souligne encore aujourd’hui le rapport complexe qu’entretiennent virilité et stérilité.

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Réforme anglicane et les fantômes (La)

Canterburies amazement: or The Ghost of the yong fellow Thomas Bensted, Londres, F. Coules, 1641, in-4°, frontispiece.
Joseph Glanvill, Saducismus triumphatus, Londres, J. Collins, 1681, frontispice. Source : Wikimedia Commons https://goo.gl/cSSdUc
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À partir de la Réforme, les revenants deviennent indésirables pour la théologie protestante qui, en rejetant le purgatoire, coupe les liens très intimes que les vivants entretenaient avec les morts au cours du Moyen Âge. L’Angleterre affiche à cet égard une attitude assez distincte des autres pays réformés car, après un siècle de tentatives pour convaincre les fidèles d’abandonner ces croyances, les théologiens anglicans opèrent un revirement assez spectaculaire en réintégrant l’apparition des défunts dans le dogme et ce, afin de défendre l’édifice religieux dans son ensemble contre le nouvel ennemi qu’est l’athéisme, dans la seconde moitié du xviie siècle.

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Décolonisation des Indes Orientales Hollandaises et de l’Indonésie (La)

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Le Japon sert d’exemple aux nationalistes de plus en plus nombreux des Indes orientales. Pour les apaiser, les autorités coloniales hollandaises instituent des conseils de villages auxquels les Indonésiens peuvent être élus, puis un parlement national en 1918, dont les décisions peuvent cependant être annulées par le gouverneur général hollandais. De nombreux hommes politiques hollandais ne prennent pas au sérieux la déclaration d’indépendance unilatérale, qui intervient en août 1945 après la fin de l’occupation japonaise. En raison de leur obstination, une guerre d’indépendance fait alors rage pendant quatre ans. Sous la pression de Washington, le gouvernement hollandais accepte de transférer la souveraineté aux nationalistes en 1949, les Américains menaçant de suspendre l’aide accordée dans le cadre du plan Marshall. La partie hollandaise de la Nouvelle-Guinée est cependant exclue du transfert, et il faut attendre 1963 pour que le dernier vestige de l’empire colonial hollandais en Asie soit rendu aux Indonésiens, une fois encore grâce à la médiation américaine.

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Archéologie comme enjeu de fabrication identitaire (L')

Wilhelm Dörpfled (à gauche) et Heinrich Schliemann (en haut à droite) devant la porte des Lions de Mycènes en 1885, Institut allemand d’archéologie à Athènes, Neg.Nr. DAI-Athen-Mykene 63.

Affaire d’amateurs éclairés jusqu’au xviiie siècle, l’étude des « ruines » s’institutionnalise au xixe siècle dans le sillage des impérialismes européens et des constructions nationales. La science archéologique devient rapidement un facteur de revendications identitaires, qu’elles soient impériales, nationales et désormais internationales. Mais si le résultat des fouilles archéologiques fixe les identités, il peut également les opposer.

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Commande d’œuvres d’art pour les chartreuses au Moyen Âge

Jean de Marville et Claus Sluter, Portail de l’église de la chartreuse de Champmol, 1386-1401.
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En 1084, Bruno de Cologne établit dans les Alpes la Grande Chartreuse, un monastère où est privilégiée la solitude érémitique. D’autres chartreuses sont fondées dès le début du xiie siècle. Au cours du temps, cette communauté s’est illustrée par la pureté idéale de sa vie contemplative. Des rois, des princes, des évêques ou des papes ont bâti des chartreuses dans plusieurs pays européens. De ce fait, et en contradiction avec leur vocation initiale, les chartreux se rapprochent des villes et commencent à accueillir dans leurs monastères de nombreuses œuvres d’art. Celles-ci présentent des similarités qui forment l’identité des chartreux, par-delà les frontières.

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Bibliothèque d’un « véritable amateur », Charles Sauvageot (1787-1860) (La)

Arthur Henry Roberts (1819- ?), Charles Sauvageot dans son intérieur, 48 x 59 cm, 1856, Paris, Musée du Louvre.
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Charles Sauvageot (1787-1860) – musicien, amateur, connaisseur autodidacte, collectionneur et donateur – est l’un des pères fondateurs du département des objets d’art au Louvre. Sa collection d’objets d’art du Moyen Âge et de la Renaissance – qui accueille les amateurs et les artistes européens – se constitue au contact des livres, ceux de la bibliothèque du collectionneur. Cette dernière a des contours capricieux, composée aussi bien de sommes savantes, de littérature, que tout un fond concernant les anecdotes, les mœurs et les usages des temps passés. Le catalogue de cette bibliothèque est une source inestimable qui permet à l’historien de l’art de pénétrer dans le laboratoire secret du collectionneur tâchant de faire renaître le passé artistique révolu.

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Appel à communications : La guerre de Crimée, la première guerre moderne européenne ?

Colloque international organisé par le Centre d’histoire du XIXe siècle, le LabEx EHNE et le Centre de recherches en histoire des Slaves (UMR SIRICE)

La Guerre de Crimée (1853-1856) reste délaissée dans l’historiographie française du fait militaire. Elle n’a fait l’objet que de synthèses déjà anciennes et a connu pendant longtemps un relatif désamour, en étant associée, selon l’historiographie de la IIIème République, au Second Empire dont il fallait effacer la trace. L’étude la plus solide et la plus récente (1995) est à mettre sur le compte d’Alain Gouttman. Toutefois, si son travail se montre particulièrement érudit et objectif, il reste néanmoins fortement marqué par un tropisme encore net pour l’histoire-bataille. Ce retard de l’historiographie française est d’autant plus regrettable que la guerre de Crimée s’écrit à l’étranger, particulièrement en Angleterre, dans le cadre d’une histoire renouvelée des conflits de plus en plus souvent abordés dans une approche pluridisciplinaire.
En effet, la Guerre de Crimée marque, avec la Guerre de Sécession (1861-1865), un tournant historique et anthropologique majeur dans l’histoire du fait militaire, témoignant de transformations profondes dans la façon de combattre mais également dans le rapport qu’entretiennent les sociétés avec la guerre, que ce soit pendant ou après le conflit.
Ce colloque a donc pour ambition d’inscrire la guerre de Crimée dans cette nouvelle façon d’écrire l’histoire des conflits, en insistant sur trois aspects fondamentaux :

1) L’importance de l’anthropologie historique de la guerre moderne comme clé de compréhension des combats, des stratégies employées, du vécu et des sentiments des combattants, des relations réciproques entre la guerre et les sociétés.
2) La dimension transnationale, en introduisant une histoire comparée du conflit. La confrontation d’histoires croisées permettra de sortir du cloisonnement imposé par les seules approches nationales. Surtout, la guerre de Crimée ne devra pas être uniquement vue de l’Occident, il faudra donc évaluer sa perception et ses répercussions dans le monde russe et dans le monde ottoman.
3) La dimension socioculturelle du conflit et sa mémoire. La guerre de Crimée influence la société par l’investissement médiatiques, économique et symbolique de l’État, de l’armée et des civils.

Tenant compte de cette triple démarche méthodologique, nous avons décidé d’organiser le colloque autour de quatre axes majeurs.
I) Guerre et diplomatie
Dans cet axe teinté de géopolitique, il sera aussi bien question des causes de la guerre, des motivations des belligérants et des conséquences du conflit sur la diplomatie. La guerre de Crimée sera ainsi replacée dans le double contexte séculaire du concert des nations et de la question d’Orient. Si les causes religieuses du conflit ont probablement été surévaluées, les raisons économiques et le contrôle des Détroits sont au cœur des problématiques de la diplomatie européenne. La rupture de l’équilibre diplomatique qui avait été maintenu, bon an mal an, depuis 1815 est également un sujet de préoccupation majeure des cabinets et pousse à des réflexions sur le droit international et sur la paix du continent européen qui conduisent au traité de Paris (30 mars 1856).

II) Vivre la guerre

La guerre de Crimée marque des bouleversements importants dans l’expérience des combats par les soldats. L’évolution des techniques d’armement (le fusil à canon rayé, les obus explosifs) et des stratégies militaires (apparition de la guerre de tranchées) accroît les risques, les atteintes corporelles et la létalité. Des nouvelles blessures apparaissent, tandis que le choléra décime les troupes. Ceci pousse alors à créer de nouvelles structures d’encadrement médical (rôle de Florence Nightingale, de Valérie de Gasparin, d’Elena Pavlovna). On se mobilise également à l’arrière, comme en témoignent les nombreuses souscriptions levées pour les familles des soldats morts et blessés en France et en Angleterre, ainsi que le travail mené par Anatole Demidov vis-à-vis des blessés et des prisonniers dans toute l’Europe.

III) Économie, société et opinion publique
L’impact de la guerre de Crimée dépasse de très loin le cadre des simples opérations militaires. Une véritable économie de guerre se développe avec le recours à l’emprunt et l’émergence d’entrepreneurs de guerre. Dans le cas ottoman, l’investissement militaire est décisif dans la création de la Banque impériale ottomane qui conduit à la mise sous tutelle par les puissances européennes d’une Sublime Porte surendettée. Les sociétés vivent également au rythme de la guerre. Une véritable « union sacrée » se met en place dans tous les États, bien alimentée par des gouvernements qui cherchent à mobiliser leurs opinions publiques contre l’ennemi. En effet, ce rôle accru de l’opinion publique est d’autant plus évident que le traitement de l’information militaire connaît des modifications majeures avec l’émergence du télégraphe et de la photographie.

IV) Images, représentations et mémoire
La vision de la guerre est transformée et pousse ainsi à utiliser les leviers de l’histoire culturelle (importance de l’art dans la guerre), de l’histoire des représentations et de l’histoire des imaginaires. Bien que le culte de l’officier héroïque soit maintenu (Saint-Arnaud en France, Gortchakov en Russie), les simples soldats trouvent leurs lettres de noblesse, comme en témoignent les nombreux monuments aux morts qui leur sont dédiés. De fait, la guerre de Crimée possède une
dimension mémorielle très forte, comme l’attestent ses retombées en matière de toponymie et sa place dans les références historiques de certains dirigeants politiques actuels.

Comité d’organisation
Marie-Pierre Rey (Université Panthéon-Sorbonne, SIRICE), Éric Anceau (Sorbonne Université, LabEx EHNE), Jean-François Figeac (Sorbonne Université, Centre d’histoire du XIXème siècle).

Conseil scientifique
Éric Anceau (Sorbonne Université, LabEx EHNE),
Yves Bruley (Ecole pratique des hautes études),
Walter Bruyère-Ostells (IEP d’Aix-en-Provence),
Lorraine de Meaux (Université Panthéon-Sorbonne),
Hervé Drévillon (Université Panthéon-Sorbonne, directeur de la recherche historique au SHD),
Anne-Laure Dupont (Sorbonne Université, Centre d’histoire du XIXème siècle),
Edhem Eldem (Collège de France, chaire d’histoire turque et ottomane),
Jean-François Figeac (Sorbonne Université, Centre d’histoire du XIXème siècle),
Orlando Figes (Birkbeck College de Londres),
Hubert Heyriès (Université Paul Valéry/ Montpellier III),
Catherine Horel (Université Panthéon-Sorbonne, SIRICE),
Jean-Noël Luc (Sorbonne Université, Centre d’histoire du XIXème siècle),
Silvia Marton (Université de Bucarest),
Nicolae Mihai (Université de Craiova),
Catherine Mayeur-Jaouen (Sorbonne Université, Centre d’histoire du XIXème siècle),
Marie-Pierre Rey (Université Panthéon-Sorbonne, SIRICE),
Odile Roynette (Université Bourgogne Franche-Comté),
Özgür Türesay (Ecole pratique des hautes études).

Centres de recherches
Centre d’histoire du XIXème siècle,
LabEx EHNE,
Centre de recherches en histoire des Slaves (UMR SIRICE).

Institutions partenaires : Fondation Napoléon, Service historique de la Défense.
Langues du colloque : Français / Anglais.
Lieu du colloque : Paris-Sorbonne

Dates importantes
Date limite de soumission des articles : 30 janvier 2019.
Réponses : février-mars 2019.
Notification du programme définitif : 15 mai 2019.
Colloque : du 7 au 9 novembre 2019.

Communications
Une proposition de communication comportant un titre et un court résumé (2000 signes maximum), accompagnée d’un CV, doit être adressée avant le 30 janvier 2019 à l’adresse suivante : francfigeac@yahoo.fr

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Censure en Europe (XVIIe-XVIIIe siècles) (La)

« Beaucoup de ceux qui s’étaient adonnés aux sciences occultes amenèrent leurs livres et les brûlèrent devant tout le monde ».  L’épisode de saint Paul faisant brûler les livres de magie (Actes des apôtres, xix, 19) sert de modèle et de frontispice à l’Index des livres interdits, publié sur ordre du pape Benoît XIV en 1758. L’Index romain est la liste officielle des livres censurés par l’Église catholique.
« De vrijheid der drukpers » (La liberté de la presse), 1787. La Liberté repousse le censeur qui voulait enchaîner une écrivaine, assise aux pieds d’un monument à la gloire de l’imprimerie. La gravure défend la tradition libérale des Pays-Bas alors que le gouvernement de Guillaume V d’Orange tente d’interdire la presse contestataire. Amsterdam, Rijksmuseum. Source : Wikimedia Commons https://goo.gl/NM9vpx
Auteur-e-s: 

Tandis qu’au Moyen Âge, le censor était celui qui relisait et corrigeait le travail des moines copistes, à l’époque moderne, le terme renvoie à l’exercice par un pouvoir (politique, administratif, religieux, etc.) du droit de contrôler, et le cas échéant d’entraver ou d’interdire, la communication d’écrits au public. L’initiative revient aux autorités religieuses qui, dès la fin du xve siècle, tentent de vérifier, avant publication, l’orthodoxie des ouvrages qui commencent alors à s’imprimer. Les États interviennent ensuite pour empêcher les contrefaçons et protéger les imprimeurs. Dès le xvie siècle, les privilèges ne servent donc plus seulement à accorder à un éditeur le monopole d’un texte pendant une période donnée, mais aussi à encadrer les normes de production et à en vérifier le contenu. La censure renvoie ainsi à un système de contrôle complexe, fondé sur une double tension entre administration et justice d’une part, police et commerce d’autre part. C’est seulement à la fin de l’Ancien Régime que les autorités réussissent à appliquer une réglementation relativement homogène et efficace, en réduisant, paradoxalement, l’attribution des privilèges.

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Women’s Bodies, Mothers’ Bodies

Paula Modersohn-Becker (1876-1907), Mère allongée avec un enfant [Mother and Child Reclining], oil on canvas, 82.5 x 124.7 cm, 1906-1907, Musée Paula Modersohn-Becker, Bremen (Ludwig Roselius collection).
“The Peri-Corset for pregnant women,” in Dr. Ludovic O’Followell, Le corset (Paris: A. Maloine, 1905), 179. Source: Wikimedia Commons https://goo.gl/EzNqUj
Auteur-e-s: 

Maternity represents a central element in the definition of the female body. Beginning in the late nineteenth century, the medicalization of maternity, along with demographic and health considerations, led to greater control over the reproductive bodies of women. However, a major change took place during the second half of the twentieth century, with the gradual dissociation between women’s bodies and maternity, and the struggle for recognition of women’s right to control over their bodies. The current period is once again exploring maternity and its connections to the female body, as the development of assisted reproductive technologies, for instance, has dissociated the process of maternity, requiring a redefinition of what constitutes a mother.

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