
Le Paragone – comparaison des mérites respectifs de la peinture et de la sculpture – est un exercice théorique qui connaît une certaine vogue dans l’Europe renaissante et moderne. Loin d’être l’expression d’un antagonisme stérile, il découle de la place que la Renaissance a donnée à ces deux disciplines en les invitant à tenir sur elles-mêmes un discours théorique. Entre métier et théorie, le Paragone donne aux artistes une occasion de penser la finalité de leur pratique, et témoigne en ce sens de leur émancipation intellectuelle et sociale dans l’Europe moderne. Il serait abusif de ne voir dans cette dispute qu’un prétexte, mais la recherche d’un « vainqueur » apparaît finalement moins fondamentale que l’effort d’investigation qui la motive et explique la longévité du Paragone. C’est la question plus générale du rapport de l’art au monde qui s’y reflète, de l’Italie de la Renaissance à l’Europe des Lumières.





