Le projet Bureau des longitudes (1795-1932) : de la valorisation du patrimoine à la recherche
Le séminaire Histoire des sciences, histoire de l’innovation (Université Paris Sorbonne, UPMC, LabEx EHNE)
a le plaisir d’accueillir Martina SCHIAVON (L.H.S.P./Archives Henri Poincaré UMR 7117 CNRS – Université de Lorraine)
Elle interviendra sur : Le projet Bureau des longitudes (1795-1932) : de la valorisation du patrimoine à la recherche
Créé en 1795, le Bureau des longitudes a été un lieu collectif d’expertise et de conseil pour l’État, et a administré la science et la technologie françaises tout en étant son porte-parole sur la scène internationale. Il a joué un rôle de premier plan dans l’organisation et le développement de l’astronomie et de la mécanique céleste, l’adoption du système métrique décimal, la définition et la réalisation d’échelles de temps, l’émission et la transmission de signaux horaires, le développement de la physique du globe et de la géodésie dynamique, et l’organisation des grandes expéditions scientifiques. Petite académie scientifique et technologie, le Bureau des longitudes existe encore aujourd’hui, mais son histoire demeure peu connue.
Lors de ce séminaire, j’illustrerai dans un premier temps les projets qu’ont permis de valoriser un patrimoine d’archives inédit : les procès-verbaux des séances du Bureau des longitudes de 1795 à 1932. Ces documents comportent de nombreux manuscrits rédigés par ses prestigieux membres (Laplace, Poincaré, Lagrange, Arago, etc.), dont certains sont totalement inconnus des chercheurs. On y trouve également de nombreuses lettres inédites ainsi que des dossiers scientifiques et techniques dont la plupart n’ont jamais été publiés. En s’appuyant sur cette source d’une richesse exceptionnelle et désormais accessible sur un site web dédié (http://bdl.ahp-numerique.fr/), un consortium de 34 chercheurs s’est donné pour objectif d’écrire l’histoire du Bureau des longitudes dans le cadre du projet ANR BDL 1795-1932 (2016-2020).
Dans un deuxième temps, en suivant notamment le parcours d’Hervé Faye, je montrerai comment les procès-verbaux permettent d’étudier les activités et l’évolution de la géodésie aux 19e – début 20e siècles. Il devient en particulier possible, grâce aux procès-verbaux, de dessiner le périmètre d’action et d’influence des membres du Bureau des longitudes en France et à l’étranger, d’étudier la géodésie dans un contexte de rivalité international et d’établir une géographie de la diffusion des innovations scientifiques et techniques dont cette institution a été porteuse. Plus généralement, les procès-verbaux nous permettent de suivre sur la longue durée les activités et les évolutions de la science et de la technologie françaises, entre professionnalisation et patronage, confrontation avec les pairs et relations personnelles.
Prochaines séances du séminaire Histoire des sciences, histoire de l’innovation :
- 16 mars : Bruno Belhoste (IHMC/Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Le mesmérisme entre science et non-science, un débat au 18e siècle. - 23 mars Présentation de l’ouvrage « L’Europe en transitions – Énergie, mobilité, communication »
- 30 mars : Karena Kalmbach (Technische Universiteit Eindhoven, TU/e)
Using the past for debating the future: the role of Chernobyl in British and French nuclear discourses. - 20 avril : Ronan Le Roux (SPHERE/Université Paris-Est Créteil)
Le Dr. Jacques Sauvan et le mystérieux Département Cybernétique de la SNECMA (1963-1970). - 27 avril : David Edgerton (King’s College London)
Transport and British history. - 4 mai : Lino Camprubi (Max-Planck-Institut für Wissenschaftsgeschichte)
Underwater Surveillance and the Modern Mediterranean. - 11 mai : Ana Cardoso de Matos (Universidade de Évora)
L’hydroélectricité au Portugal dans le contexte européen : circulation des ingénieurs, transfert de technologie et construction des paysages de l’innovation.