En 2017, à respectivement 70 ans de la Seconde Guerre mondiale et 50 ans de la guerre d’indépendance algérienne, on peut être surpris par l’effervescence mémorielle qui, en ce début du XXIe siècle, rend présents, de façon inégale selon les conflits – trop de mémoire ici, pas assez là–, ces événements. L’héritage de ces passés, loin de concerner seulement l’histoire militaire, témoigne de l’évolution du regard à la fois historiographique et sociétal sur ces conflits, appréhendés par ailleurs de façon de plus en plus différentielle selon les générations impliquées.
Le 18 juin 1960, le général de Gaulle inaugure le Mémorial de la France combattante au mont Valérien, le 25 janvier 2005 le Mémorial de la Shoah est inauguré à Paris par le président Jacques Chirac tandis que le 16 octobre 2015, le premier ministre Manuel Valls inaugure le Mémorial du camp de Rivesaltes. Entre ces dates, la perception et la
mémorialisation de la Seconde Guerre mondiale connaissent une évolution marquante : à la célébration de la mémoire de la résistance succède celle de la mémoire de la déportation au prisme d’un « devoir de mémoire » centré sur l’extermination des Juifs d’Europe tandis que, plus récemment, la crise des mémoires nationales héroïques génère une
mémoire plurielle du second conflit mondial. De son côté, la guerre d’indépendance algérienne, qui fut longtemps une « non guerre », reste encore à la marge des politiques mémorielles qui tardent à lui assurer un régime de commémoration.Contrairement aux mémoires plurielles mais désormais consensuelles des conflits mondiaux, cette mémoire encore fortement conflictuelle illustre la difficulté qu’a la société française, dans un contexte postcolonial, à accepter la pluralité des expériences guerrières.
Dans cette configuration, le colloque invite à interroger les représentations – symboliques, politiques, architecturales,
artistiques… – que ces différents conflits passés nourrissent depuis le début du XXIe siècle et à mettre en évidence des dynamiques mémorielles qui investissent l’espace public.
Organisateurs
Anne Bernou, Andrea Brazzoduro, Fabien Théofilakis
Inscription obligatoire : memoirescontemporaines@gmail
Programme
Matin : SORBONNE / 14, rue Cujas 75005 Paris , Amphithéâtre Lefèbvre, galerie Jean-Baptiste Dumas, escalier R, 1er étage
Anne Bernou, Andrea Brazzoduro, Fabien Théofilakis
François Azouvi (EHESS)
modérateur : Rémy Bazenguissa-Ganga (EHESS)
Anne Bonamy (Mémorial de l’internement et de la déportation. Camp de Royallieu)
Antoine Grande (Hauts Lieux de la mémoire nationale d’Île-de-France)
Rudy Ricciotti (architecte, concepteur et réalisateur du Mémorial de Rivesaltes)
Panel 2
modérateur : Fabien Théofilakis (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, CHS)
Jean-Noël Grandhomme (Université de Lorraine, Nancy)
Le Mémorial de l’Alsace-Moselle et le “Mur des Noms” ou de la difficulté à créer une mémoire “consensuelle”
Marc André (Université de Rouen, GRHIS)
Quand les mémoires de la Seconde Guerre mondiale servent les mémoires algériennes : le cas de la patrimonialisation du Mémorial Montluc (2009-2017)
Hayes Oonagh (Leibniz Institute for the Social Sciences, Cologne ; Université de Tübingen, GESIS)
« Vous, soldats originaires d’autres continents » Inclusion et exclusion dans la mémoire de la guerre d’Algérie. Etude de cas d’un monument départemental
Après-midi : CENTRE PANTHÉON salle 1 (1er étage) / 12, place du Panthéon 75005 Paris
modératrice : Anne Bernou (historienne de l’art)
Tania Mouraud (artiste plasticienne)
Jean-Marc Cerino (artiste plasticien, École des Beaux-Arts, enseignement artistique, Nîmes)
Jérôme Zonder (artiste plasticien)
modératrice : Sylvie énault (CNRS, CHS)
Petra Bopp (BildEvidenz, Freie Universität Berlin)
Parler – Écouter. Voir – ne pas Voir. Les œuvres d’Esther Shalev-Gerz après l’an 2000 en France
Émilie Goudal (Gerda Henkel Sti ung, LabexMed, Centre Norbert Elias, CNRS-EHESS)
De la violence de l’Histoire. Cinquantenaires et représentations artistiques de la guerre d’indépendance algérienne
Sylvie Coellier (Université d’Aix-en-Provence)
Violence. Réflexions sur la guerre à travers l’œuvre d’Adel Abdessemed
15h30 – 16h00 Pause
Panel 5
modérateur : Tramor Quemeneur (Université Paris 8)
Michel Lefebvre (journaliste, Le Monde)
Damien Baldin (CESPRA-EHESS, ancien conseiller politique mémorielle au ministère de la Défense)
Xavier Jacquey (4acg, Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre)
Sébastien Ledoux (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, CHS)
Devoir de mémoire ou travail de mémoire ? Du choix des formules dans les discours politiques
Julie Le Gac (Université Paris Nanterre),
Claire Miot (Service historique de la Défense)
« À la jeunesse d’Afrique » la patrie reconnaissante ? Commémorer les soldats colonisés d’Italie et de Provence en 2014
18h00 – 18h30 Discussion générale
18h30 – 19h00 Conclusions
Annette Becker (Université Paris Nanterre)
Comité d’organisation
Andrea Brazzoduro, University of Oxford (andrea.brazzoduro@history.ox.
Fabien Théofilakis, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne (fabien.theofilakis@paris1-uni
Comité Scientifique
Annette Becker, Université Paris Nanterre
Raphaëlle Branche, Université de Rouen
Corine Defrance, CNRS – Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, S-IRICE, LabEx EHNE
Laurence Bertrand Dorléac, Sciences Po Paris
Thierry Dufrêne, Université Paris Nanterre, INHA
Robert Gildea, University of Oxford
Itzhak Goldberg, professeur émérite, Université Jean Monnet, Saint-Étienne
François-Xavier Nérard, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, S-IRICE, LabEx EHNE
Natalya Vince, University of Portsmouth